Le 3ème cercle valeriec@free.fr Spoilers : Biogenesis Remerciements : Mels (j'étais en panne et j'ai lu une fanfic qui a relancé mon inspiration). Avertissement : les personnages appartiennent à la Fox et à Chris Carter. Scully frappait nerveusement le volant de sa voiture, agacée par la lenteur de la file de véhicules qui la précédait. Il fallait qu’elle se rende le plus rapidement possible chez son partenaire. Vingt minutes s’étaient écoulées depuis l’appel qui l’avait troublé au point qu’elle se précipite chez lui. Elle arriva enfin devant son immeuble et se précipita dans l’ascenseur. Elle entendait des hurlements semblaient jaillir du couloir à l'étage de Mulder. En s'approchant,inquiète, elle découvrit quelques personnes attroupées devant la porte de son partenaire. Elle était à moitié ouverte et dans l’entrebâillement, elle aperçut les meubles renversés et cassés. - N'y allez pas mademoiselle. Il est devenu dingue. Il a frappé son voisin à coup de batte de base ball lorsque il a tenté de le calmer. Il ne fait que hurler depuis quelques minutes. On a appelé la police. Elle se risqua dans le couloir, poussant la porte avec précaution. L'homme que Mulder avait frappé était adossé au mur du salon, choqué. Il portait sa main à son bras gauche comme pour le soutenir. Elle s'approcha de lui, montrant son badge et lui fit signe de sortir silencieusement. Elle chercha Mulder dans l'appartement. Il s'était réfugié, à moitié nu, dans un coin du salon et lorsque elle fit un pas vers lui, il se mit à crier d'une voix subaiguë. - N'approchez pas!!! - C'est moi Mulder, dit-elle d'une voix qu'elle voulait rassurante. Elle tendit la main vers lui, mais ne fit que déclencher un nouveau hurlement. - Non!!! - Calme toi, Mulder. Tout en continuant à crier, il tomba soudain genoux à terre et se prit la tête entre les mains. Son visage était déformé par la souffrance. Il gémissait maintenant, les yeux fermés, les traits crispés. - J'ai mal.... J'ai mal... arrêtez ça... Elle réussit à s'approcher de lui sans qu'il ne la repousse. Elle évita néanmoins de le toucher, craignant une réaction violente. Il avait maintenant ouvert les yeux, et elle remarqua ses pupilles anormalement dilatées. - On va s'occuper de toi, Mulder. Reste tranquille. Il se leva brusquement et renversa la jeune femme qui s'était agenouillée près de lui d'un geste de la main. Elle lui suivit du regard et le vit avec effroi se jeter violemment contre le mur de briques de la cuisine. Son front éclata, inondant son visage de sang. Il ne parut pas s'en rendre compte. Hurlant à nouveau, il revint vers elle en saisissant la batte et s'apprêtait à la frapper lorsque soudain son regard devint fixe et il prononça son nom d'une voix rauque. - Scully.... - Je suis là... Il la regarda un long moment et poussa un long cri de douleur. Effrayée par l'intensité de son cri, elle ne put se retenir de toucher sa main, qu'il retira tout de suite. Il paraissait totalement perdu. Des cris dans le couloir lui indiqua que la police devait être là. Elle sortit du salon à reculons , ne le quittant pas des yeux. Il se tordait maintenant de douleur, mordant ses lèvres au sang. - Qui est le responsable? - Officier Prescot. Où est-il ? - Dans le salon. Il s'automutile, il faut faire vite. - Il a frappé cet homme. A t'il été violent avec vous? - Non... Je vous en prie, maîtrisez le sans lui faire de mal. - Vous êtes sa femme? - Non. Je suis son équipière. Nous sommes du FBI. Joignant le geste à la parole, elle lui présenta son badge, puis entra précautionneusement dans la pièce. L'équipe d'intervention la suivit. Mulder leva les yeux et s'élança vers eux en hurlant, gesticulant comme un forcené. Ils l'encerclèrent rapidement mais il se débattait si fort que l'un des hommes finit par l'assommer, non sans qu'il ait distribué coups de pied et de poing. Il s'effondra sans connaissance. - Vite, faites lui une injection de sédatif et enfilez lui la camisole. Nous allons l'embarquer. - Où l'emmenez vous? - A l'hôpital de Georgetown, en psychiatrie. Les yeux de Scully se remplirent de larmes. Elle effleura le front couvert de sang de Mulder. Il avait les traits tirés et ses paupières étaient bleuâtres. Elle suivit le véhicule et ils se retrouvèrent bientôt dans le service. Mulder s'était réveillé pendant le trajet et son comportement était toujours agressif et très perturbé. Il reçut une nouvelle dose massive de sédatif, ce qui permit aux médecins de lui faire passer un scanner cérébral et un électroencéphalogramme. Scully assista aux divers examens, impuissante. Elle avait appelé Skinner pour lui expliquer la situation, il avait promis de venir le plus rapidement possible. Elle n'arrivait pas à comprendre ce qui avait pu mettre Mulder dans cet état. Elle savait qu'il ne prenait plus rien depuis plusieurs mois (voir Dépendance). Ils s'étaient quittés quelques heures auparavant et rien dans son comportement n'avait pu l'avertir de cette crise, si ce n'est le coup de téléphone qu'elle avait reçu et qui avait fait qu'elle se rende rapidement chez lui. Sa voix était bizarre et ses propos incohérents. Malgré les sédatifs, il se réveilla très rapidement et les médecins durent l'enfermer dans une cellule calfeutrée pour éviter qu'il ne se blesse. Skinner arriva alors qu'elle se renseignait des résultats des examens. - Que se passe t'il, Scully? - Mulder a une crise de démence... Il a frappé son voisin, et... Elle essayait de cacher ses larmes mais elle éclata soudain en sanglots. - Du calme, Dana. Il y a sans doute une explication à son comportement. Le médecin prit la parole. - Le scanner de votre ami est normal, il ne montre aucune lésion cérébrale qui pourrait expliquer son attitude. Les analyses toxicologiques n'ont rien révélé. Seul son EEG est perturbé. Son activité cérébrale devrait être considérablement ralentie du fait des doses massives de sédatifs. Hors elle est au contraire anormalement élevée. - Qu'est ce que cela veut dire? - Je ne peux pas expliquer ce phénomène. Je n'ai jamais vu une chose pareille - Je peux le voir? - Je ne vous le conseille pas. Il est très violent. Les infirmiers ont eu beaucoup de mal à le maîtriser. - Il ne me fera pas de mal. Il ne m'a pas touché dans son appartement. - Venez, je vais vous conduire. Ils traversèrent des couloirs et soudain le sang de Scully se glaça. Elle entendait, assourdis par les murs épais, les hurlements de Mulder. Lorsqu'elle le découvrit enfin, immobilisé par la camisole, se jetant contre les parois de la cellule, les yeux fous, le visage déformé par un rictus démentiel, elle se mit à sangloter silencieusement. Skinner lui posa une main apaisante sur l'épaule. Mulder ne semblait pas les voir, et soudain tomba à genoux, puis face contre terre, hurlant sa douleur. Il se recroquevillait sur lui même, puis son corps se tendait comme un arc, plusieurs fois de suite. - Il souffre... Il faut faire quelque chose. - Il devrait être dans le coma... On ne peut rien faire, sinon attendre qu'il s'effondre. - Laissez moi entrer, je vous en prie. - Non mademoiselle. Vous ne pouvez rien de plus pour lui. Skinner resta un moment près de la jeune femme, dont le regard était perdu, puis l'entraîna doucement. - Nous allons chercher, Scully. Venez avec moi. Elle se laissa faire, incapable de réagir. C'est en s'éloignant qu'elle l'entendit soudain crier son nom... Glacée d'effroi, elle vit Mulder se jeter contre la porte de sa cellule. - Je ne peux pas le laisser. Il faut que je reste avec lui. Il a besoin de moi. Elle resta près de la cellule plusieurs heures durant, attendant que l'organisme de son partenaire n'ait plus la force de réagir. Il parut enfin se calmer près de 12 heures après son admission aux urgences psychiatriques. Le médecin lui fit signe qu'elle pouvait tenter de l'approcher. Elle se glissa dans le sas puis la porte s'ouvrit silencieusement. Mulder était maintenant replié sur lui même, en position foetale. Ses yeux étaient pratiquement fermés et elle pouvait lire l'épuisement dans son regard. Elle s'approcha de lui doucement, et s'assit près de lui. Ses lèvres meurtries remuaient faiblement et elle tenta de saisir le sens des paroles qu'il prononçait. - Scully... aide moi. - Je suis là, Mulder. Je voudrais tant t'aider... - J'ai mal... Elle caressa tendrement ses cheveux rendus poisseux par la sueur et le sang. Il rampa près d'elle et se blottit contre son corps. - Que ressens tu? - Des choses, dans ma tête... des voix... C'est terriblement douloureux. Sa voix était à peine audible et elle devait se pencher sur lui pour comprendre. - Je voudrais tant pouvoir dormir... - Je vais rester près de toi... Ferme les yeux... Voilà... La voix de Scully l'apaisait et il tentait de se laisser bercer par son calme et sa douceur. Les voix dans sa tête s'éloignaient et il sombra dans une inconscience bienfaisante. Épuisée elle aussi par la tension nerveuse de ces dernières heures, elle s'endormit aussi, le serrant contre elle. Ils restèrent ainsi plusieurs heures, et lorsque elle s'éveilla, il était toujours près d'elle, allongé sur le coté, les yeux grand ouvert et le regard vide. - Mulder? Il ne semblait pas l'entendre. Elle se leva et s'approcha de la porte de la cellule, faisant signe à une infirmière qui passait qu'elle désirait sortir. On lui ouvrit la porte. Le psychiatre autorisa la sortie de la chambre d'isolement et on installa Mulder dans une chambre seule. Il n'avait maintenant plus aucune réaction. - Son activité cérébrale est maintenant anormalement ralentie. Il est dans le coma, complètement aréactif. J'avoue que je n'y comprends rien. Scully resta près de son partenaire et lui prit la main. Mulder avait disparu. - Mais où est-il ? Qui l'a fait sortir? - Ils avaient toutes les autorisations nécessaires. Je pensais que vous étiez au courant. Je ne sais pas où on l'a emmené. Scully tenta de garder son calme, mais elle savait que Mulder était en péril. Elle remercia le médecin qui l'avait renseigné et quitta l'hôpital rapidement. Toute la journée elle tenta de frapper à toutes les portes, pour essayer de retrouver la trace de Mulder. Il était plus de 22 heures lorsque elle décida enfin d'interrompre ses recherches. Elle était épuisée et incapable de réfléchir correctement. Sans vraiment s'en rendre compte, elle se retrouva devant chez elle. La neige était tombée en abondance et elle frissonna en remontant le col de son manteau. Il faisait sombre, mais dans l'allée elle distingua une forme recroquevillée contre l'escalier. Elle pressa le pas et s'agenouilla dans la neige. - Mon Dieu, Mulder! - Scully.... J'ai froid... Il grelottait, vêtu d'une simple chemise d'hôpital et d'un pantalon de chirurgien. - Lève toi, Mulder. Allez, fais un effort. - Je ne peux pas... - Je t'en prie. Aide moi. Elle s'arc bouta et le tira sur ses jambes. Il tenait à peine debout. Les quelques mètres qui les séparaient de son appartement furent difficiles à franchir. A chaque pas, Mulder paraissait sur le point de s'écrouler. Lorsque enfin ils furent entrés, la douce chaleur qui régnait à l'intérieur eut raison de son épuisement. Il s'effondra sur le tapis, les lèvres bleuies par le refroidissement qu'il avait du endurer. Elle le déshabilla entièrement et l'enveloppa d'une chaude couverture et essaya de lui faire boire un thé brûlant. Il reprit connaissance quelques instants plus tard. - Scully... - Je suis là... Comment es tu arrivé là? - Je ne sais pas... Je ne me souviens plus de rien... - Ce n'est pas grave, Mulder. Ca va revenir. Elle le regardait avec inquiétude. Ses traits étaient terriblement marqués par les épreuves qu'il venait de subir, ses yeux verts étaient délavés par la fatigue et la douleur. Il frissonna encore en état de choc. Elle caressa ses cheveux tendrement et il lui sourit faiblement. L'angoisse se lisait dans son regard. - Tu peux faire quelques pas jusqu'à la chambre? Il acquiesça de la tête et se leva avec difficulté. Scully dut le soutenir et il s'allongea lourdement sur le lit. - Il faut que tu dormes... Tu es épuisé. - Qu'est ce qui m'arrive? - Nous en parlerons plus tard. Dors. Elle resta près de lui toute la nuit. Sa température montait anormalement, il était brûlant de fièvre. Il délirait un peu et s'agitait faiblement. Elle finit par s'endormir près de lui pendant plusieurs heures. Au petit matin, dans son sommeil, elle entendit des coups sourds frappés à la porte. Se levant à la hâte, elle ouvrit pour découvrir l'agent Fowley. - Je peux entrer ? Il ne faut pas qu'on me voit ici. - Qu'est ce que vous voulez? - Comment va Fox? Scully la fixa dans les yeux, soupçonneuse. - Ne jouez pas à cela avec moi, agent Scully. Je sais qu'il est là. Je l'ai déposé hier soir. - Que lui ont il fait? - Je ne sais pas. - Ca a failli le tuer. - Ils ne veulent pas qu'il meure. J'ai réussi à les persuader de le relâcher, mais ma position est devenue très dangereuse. - Pourquoi l'avoir déposé devant chez moi ? - Je sais que vous allez prendre soin de lui. Il n'aurait pas accepter d'aide de ma part. - Je peux le voir? - Il dort. Fowley la questionna du regard et Scully se força à lui indiquer la porte de sa chambre. Fowley entra silencieusement dans la pièce et s'approcha du lit. Mulder dormait toujours, son front était couvert de sueur. Elle esquissa le geste de lui prendre la main puis se ravisa. - Il a du beaucoup souffrir. Jamais je n'ai voulu cela. - C’est trop tard pour avoir des remords, agent Fowley. Les deux femmes s'affrontèrent du regard puis Fowley quitta la pièce et sortit de l'appartement rapidement. Scully se laissa aller dans le fauteuil. La longue silhouette de Mulder se découpa dans l’entrebâillement de la porte. - Qu'est ce que tu fais debout, Mulder ? Tu as de la fièvre, il faut que tu te reposes. - C'était Diana, n'est ce pas? - Oui. - J'ai entendu sa voix. Je crois que c'est elle qui m'a sortie de là. - C'est ce qu'elle dit. Tu te souviens de quelque chose? Elle le regarda longuement, et sentit l'émotion la gagner. Avec ses traits tirés, son front barré par une large estafilade, ses cheveux en bataille , il paraissait plus vulnérable que jamais. Dans ses yeux brillaient néanmoins une lueur qui lui réchauffa le coeur. Il sentit la tempête se lever dans son esprit, mais essaya de contrôler le déchaînement des pensées qui arrivaient en masse dans sa tête. - Je découvrirais ce qu'ils m'ont fait, Scully, avec ton aide. Scully contacta Frohyke, Byers et Langly quelques heures plus tard. Ils arrivèrent chez elle rapidement mais ne firent que déclencher une nouvelle crise chez Mulder. Scully comprit rapidement ce qui se passait. Mulder semblait capter les pensées de chaque personne qui l'approchait. Même bienveillantes, ça lui était insupportable, ne pouvant pas canaliser le flux. Ca aller le tuer ou lui faire perdre la raison. Elle prit sa décision très vite. Scully savait qu’elle devait l’emmener loin de Washington, dans un endroit calme. Elle pensa immédiatement au Maine. Elle savait qu’elle pourrait facilement louer une maison meublée à l’écart. Le trajet se déroula sans une parole. Mulder s’était endormi immédiatement dans la voiture, d’un sommeil particulièrement calme, lui qui était si agité d’habitude. Elle était arrivée au bout de trois heures de route et sans qu’il se réveille avait fait le nécessaire pour obtenir un logis. Devant la maison qui donnait sur l’océan, elle le réveilla enfin. Il ouvrit des yeux vides et effrayés à la fois. D’une voix douce, elle le rassura : - Ca va aller, Mulder. Je suis là. Viens avec moi. Elle lui tendit la main et le conduisit à l’intérieur de la maison. Meublée avec goût et authenticité, elle était parfaite. - Tu veux manger ou boire quelque chose ? Il ne lui avait toujours pas parlé. Il leva son regard vers le plafond et Scully sut qu’il souhaitait se reposer encore. Elle lui prit la main et lui fit monter les escaliers, et ouvrit la porte d’une des chambres. Toujours silencieux, il la regarda fermer les volets et ouvrir le lit. Avec une infinie tendresse, elle l’aida à se déshabiller et il se coucha enfin dans les draps. Il s’endormit aussitôt. Elle le regarda avec inquiétude. Elle avait peur qu’il ne retrouve jamais la raison. Elle descendit pour se faire un café et s’endormit pratiquement devant son bol fumant. Elle était exténuée elle aussi. Elle s’allongea sur le canapé et sombra dans le sommeil en un instant. Elle se réveilla plusieurs heures plus tard. Elle avait l’ impression d’être observé. Elle se releva rapidement et vit Mulder assis sur le fauteuil à côté du canapé. Il la fixait, d’un regard figé, dérangeant. Elle le sentait pourtant plus présent que les dernières heures. Sans un mot, il s’approcha d’elle et s’assit sur le canapé. Leurs deux mains se rejoignirent. Il ne disait toujours rien. - Mulder, parle moi... Je t’en prie. Il se serra contre elle jusqu’a ce qu’elle le prenne dans ses bras. Ils restèrent longtemps ainsi, silencieux, puis il se leva et lui donna la main pour la conduire dans la chambre où il s’était reposé. Il l’intima de s’asseoir et il se lova à nouveau dans ses bras. Ils s’endormirent ensemble. Le lendemain, il paraissait aller beaucoup mieux. La parole était revenue, l ’humour aussi. Ils passèrent les deux jours suivants à reprendre des forces, puis il se sentit assez fort pour la suivre en ville pour faire des achats. Elle le regardait avec inquiétude alors qu'ils progressaient vers la maison. Jamais elle n'aurait du le laisser venir avec elle faire le ravitaillement. Lorsque il était arrivé en ville, il avait commencé à pâlir, puis ses mâchoires s'étaient contractées de plus en plus fort au fur et à mesure qu'ils approchaient du centre ville. Scully avait choisi un magasin à la hâte, mais l'environnement humain était dense et Mulder le ressentait comme autant de coup de poignards en pleine tête. Il avait basculé sa nuque en arrière et fermait les yeux, tentant de réprimer les nausées qui montaient en vague. C'était accablant. Il se prit la tête entre les mains, sachant parfaitement que le vacarme ne cesserait pas tant qu'ils n'auraient pas quitter la ville. Elle posa sa main sur sa cuisse, et ses pensées apaisantes le calmèrent l'espace d'un court instant. Il la regarda partir en courant vers le magasin et tenta de faire le vide dans son esprit. C'était trop dur. Il gémissait doucement à présent, mais la douleur était trop forte. Des larmes apparurent dans ses yeux clos, ses paupières se crispèrent sous la souffrance intolérable. Il sentit la présence de Scully, et la douleur reflua un peu. Lorsque il put ouvrir les yeux à nouveau, ils étaient loin de la petite ville. Plus rien aux alentours pour le perturber. La nausée s'éloignait, mais la douleur était toujours là, lancinante. Lorsque ils arrivèrent devant la maison, il resta un long moment assis, sans pouvoir se lever. Scully lui ouvrit la portière et lui tendit la main. Il s'y accrocha comme à une bouée. Elle le conduisit jusqu'a la chambre, ferma les volets en silence et l'aida à se déshabiller, ne gardant que son tee shirt et son caleçon. Les draps étaient frais, il s'y allongea immédiatement Elle resta quelques instants près de lui et leurs esprits fusionnèrent. Il savait malgré tout que bientôt, même sa présence lui serait intolérable. Elle caressa ses cheveux humides de sueur et ils se regardèrent longuement. Il lisait en elle tant d'amour et tant qu'inquiétude qu'il en fut bouleversé. Puis avec effort, il fit le vide dans son esprit pour tenter de dormir et de récupérer un peu. Scully le laissa lorsque sa respiration devint régulière et profonde. Elle regarda son visage et son coeur se serra. Ses traits réguliers étaient tirés par la fatigue et la douleur, ses yeux mordorés étaient délavés par les épreuves qu'il avait subi depuis le début de ce cauchemar. Elle descendit doucement les escaliers et sortit à l'extérieur de la maison, essayant de calmer les pulsations de son coeur. Il l'avait regardé avec gravité, sachant quelles étaient ses pensées. Il lisait en elle comme dans un livre ouvert et il n'y avait entre eux plus aucun secret, aucune défense. Il se releva après quelques heures de repos. Il paraissait maintenant détendu et il lui sourit avec insouciance en l'embrassant avec tendresse. Il savait désormais ce qu’ elle éprouvait pour lui. L’amour était apparu comme le plus merveilleux des remèdes. Elle se blottit contre lui, heureuse de le voir ainsi, chassant les sombres pensées qui ternissaient le bonheur de l'avoir enfin près de lui, amoureux et tendre. Il la prit dans ses bras ,ses yeux l'engloutirent, et elle le laissa porter jusqu'au seuil de la chambre où les rayons de soleil filtraient à travers les volets clos. Lascivement allongée sur le lit, elle se laissa caresser, encore et encore, il savait parfaitement comment lui procurer du plaisir, et chaque caresse venait lorsque le désirait. C'était une danse d'amour parfaitement réglée, et lorsque ils furent satisfaits l'un et l'autre, la nuit était tombée. Elle s'endormit dans ses bras et il resta longtemps à la regarder, ses cheveux flamboyants lui cachaient à moitié le visage. Il ôta quelques mèches folles et caressa sa bouche gonflée par ses baisers. Il avait tellement peur de lui faire du mal... Le lendemain, ils entreprirent une longue promenade à travers les dunes. Marchant au même rythme, ils savouraient ce moment rare. Sans prononcer une seule parole, ils marchaient, heureux d'être là, ici et maintenant. Plus rien n'avait d'importance que leur amour désormais. L'idyllique instant fut gâché par l'arrivée imprévisible d'un groupe scolaire. En un instant, une nuée d'enfants se rua vers eux, les encerclant avec gaieté. Leur assaut fut si brutal que Fox n'eut pas eu le temps d'ériger les barrières mentales qui pouvaient atténuer le flux débordant de pensées enfantines. Il tomba à genoux, crispé par la douleur. L’instituteur s’approcha d’eux et proposa son aide : - Voulez vous que j’appelle un médecin ? - Non. Je vous en prie, éloignez vous, éloignez les enfants. Je suis médecin. Je m’occupe de lui. L’homme la regarda avec étonnement, ses yeux se posant sur Mulder qui gémissait maintenant de plus en plus fort. Il roula sur le côté, et se recroquevilla, terrassé par la douleur. La voix de Scully se fit presque menaçante. - Allez vous en ! Maintenant ! L’instituteur rassembla ses enfants à la hâte et s’empressa de les éloigner de cette furie. Scully se lova contre le corps de son amant et le berça, sans un mot. Ses yeux étaient remplis de larmes et elle maudissait sa stupidité. Elle fallait qu’elle l’éloigne plus encore. Mulder la conforta dans cette idée. D’une voix brisée, il dit la supplia : - Il faut qu’on aille plus loin, Scully... Là où il n’y a personne... - Je vais m’occuper de toi, Mulder... Ne t’inquiète pas... On va trouver une solution. Ils restèrent longtemps sur la plage, Mulder était incapable de se lever tant l’épreuve avait été épuisante. Le vent marin les faisait frissonner et le crépuscule tombait lorsque ils se mirent enfin en route vers la maison. Elle dut l’aider à marcher et ils firent plusieurs arrêts avant d’arriver à la maison. Elle rassembla leurs affaires rapidement et chargea la voiture. Mulder s’était installé sur la banquette arrière, ses grandes jambes pliées de façon inconfortable. Malgré son épuisement, il commençait à analyser le mécanisme de la perturbation psychique, qui, le savait-il, le conduirait à la démence ou au suicide. Il recevait toutes les pensées des êtres humains, mais aussi des animaux, de façon anarchique. Lorsqu'il était préparé, il arrivait peu à peu à les maîtriser et endiguer le flux démoniaque. Avec Scully, c'était différent. Elle savait comment éviter de le perturber et elle se contrôlait la plupart du temps, ce qui rendait sa présence près de lui non seulement possible, mais presque indispensable. Elle l'apaisait. Il la regarda s'installer sur le siège du conducteur et tenta de lui sourire alors qu'elle se tournait vers lui. Le sommeil le terrassa en quelques instants. Scully progressa vers le Nord toute la journée, passant la frontière canadienne. Mulder dormait maintenant depuis près de 4 heures. Elle était fatiguée, ses paupières s'alourdissaient. Elle s'arrêta devant un motel qui paraissait presque désert. Mulder se redressa et son visage se crispa légèrement. - Il faut que je dormes un peu, Mulder. Je suis épuisée. Ne bouge pas. J'ai l'impression que ce motel n'est pas très fréquenté. Il savait qu'il n'y avait que deux personnes aux alentours. Il captait leurs pensées, mais c'était suffisamment faible pour être supportable. Les deux personnes regardaient la télé, et par ce fait vidaient leurs esprits. - Demande une chambre éloignée de la réception, Scully. Elle lui sourit et se dirigea vers le bureau d'accueil. Un vieil homme répondit à son coup de sonnette et lui remit la clé de la chambre 35. - Y'a pas beaucoup de passage à cette époque de l'année. Vous serez tranquille, vous et votre mari. - Nous avons besoin de repos tous les deux. Nous resterons peut être deux jours ici. - La chambre est équipée d'une cuisine, et la ville est à deux kilomètres. - Parfait. Elle approcha la voiture devant la porte de la chambre et ils s'installèrent. Elle s'allongea sur le lit et Mulder la rejoignit. Ils firent l'amour avec passion. Le lendemain matin, elle brancha son ordinateur portable et chercha sur Internet un renseignement concernant un médicament qui pourrait aider Mulder à supporter son état. Elle cria de joie lorsque elle découvrit enfin ce qu'elle cherchait. - Je fonce à la pharmacie, Mulder. J'ai peut être trouvé quelque chose qui pourrait t'aider. Il se leva pour l'accompagner. - Non, Mulder. Reste là, je t'en prie. Ne t’expose pas inutilement. Ils se regardèrent un long moment et elle ferma les yeux sous son regard à la fois perçant et si doux. Elle quitta la pièce, et se rendit en ville où elle batailla ferme pour obtenir le fameux remède dans lequel elle mettait tant d’espoir. Elle savait néanmoins que cela ne ferait que retarder l’échéance fatale... Elle revint au bout de deux heures et son coeur se déchira lorsque elle vit le car de tourisme garé non loin de la réception. Des seniors en short et en basket discutaient fort peu discrètement devant les portes des chambres. Elle vit le pneu crevé, et redouta de retrouver Mulder en pleine crise. Ouvrant la porte avec précaution, elle l’appela doucement. - Mulder... C’est moi. J’ai trouvé le médicament. La chambre était dans la pénombre et elle ne le distinguait pas. - Mulder ? Où es tu ? Répond moi ! Elle entendit un bruit soudain dans la direction de la salle de bains. Elle s’y précipita et le trouva contre le mur, sa tête frappant dangereusement le carrelage. Ses yeux étaient grand ouvert, mais il n’avait même pas remarqué son arrivée. Elle se concentra pour lui faire parvenir une pensée douce et apaisante. - Mulder... Elle lui prit la main et il la fixa, halluciné, mais sans aucune violence dans les yeux. Elle prit le flaçon de comprimés dans son sac, en fit tomber deux dans le creux de sa main puis lui glissa dans la bouche. - Avale ça, lui dit elle avec douceur en lui tendant un verre d’eau. Ca va te faire du bien. Elle le vit dégluttir plusieurs fois, puis il se laissa glisser à terre, prenant sa tête entre ses mains. - Je sais, Mulder... Tu as mal... Pardonne moi... Je n’aurais pas dû te laisser seul. Il réussit à articuler quelques mots d’une voix cassée par la souffrance. - Ca n’aurait rien changer, Scully... Je ne peux plus le supporter... - Dans quelques minutes tu seras soulagé... Viens t’allonger. Elle lui conduisit jusqu’au lit, où il s’allongea sans résistance. Il n’ avait qu’une envie, dormir, dormir pour oublier l’étau qui lui serrait le crâne, l’insoutenable impression d’être un récepteur branché sur des centaines de chaines. Il arrivait maintenant à gérer la violence que cela déclenchait en lui, mais il restait la souffrance. Ils reprirent leur route vers le Nord le lendemain, cherchant à éviter les agglomérations, utilisant les routes les moins fréquentées. La drogue le calmait, et il espérait maintenant qu’il trouverait un endroit où ils pourraient enfin vivre en paix. Vivre... Vivre avec Scully, lui donner l’ amour qu’elle méritait, après toutes ces années où elle l’avait supporté, après tout ce qu’elle avait subi... A mesure qu’ils progressaient, les habitations se raréfiaient, les espaces grandioses les engloutissaient. Ils s’étaient arrêtés dans une petite station de montagne pour s’équiper en vêtements chauds et confortables et ils avaient ri en se voyant ainsi déguisés en trappeurs... Ils étaient si bien ensemble, si proches, complices, complémentaires... Ils s’arrêtaient quand ils étaient fatigués, quand ils avaient faim, lorsqu’ ils avaient envie de faire l’amour. Les jours et les nuits se confondaient, ils ne vivaient que l’instant présent. Il avait expliqué à Scully sa perception des pensées. Le premier cercle, c’ était l’entourage immédiat. Sans médication, dans ce premier cercle, il n’y a qu’elle qu’il pouvait supporter. Sous l’emprise de la drogue, il résistait au mieux quelques dizaines de minutes avec des étrangers. Dans le deuxième cercle, les pensées lui parvenaient, atténuées, moins agressives. Il arrivait quelquefois à faire le tri dans le flux puissant. Le troisième cercle lui faisait percevoir les pensées de quelques animaux évolués, diffuses, souvent incompréhensibles. Il lui avait raconté l’aigle, le loup, dont il soupconnait la présence dans la forêt. Scully l’avait écouté avec stupéfaction, et se demandait comment il pouvait avoir la force de continuer ainsi. L’effort était constant, lui avait-il répondu avant qu’elle ne formule sa phrase. Il devait constamment se concentrer pour rester lui même, ne pas se perdre parmi la multitude. C’ est pourquoi il dormait autant. Dans le sommeil, plus d’agression, le repos de l’âme. Ils roulaient sur la route déserte depuis plusieurs heures lorsque soudain un camion chargé de billes de bois surgit d’un chemin forestier. Scully n’ eut que le réflexe de braquer le volant à gauche, mais elle ne put éviter le choc frontal contre la remorque. Elle perdit connaissance. Une douleur lancinante au niveau de la jambe lui fit reprendre conscience. Elle sentit qu’on la sortait du véhicule et prostesta faiblement. - Mulder... - Vous êtes blessé, mademoiselle. On s’occupe de vous. - Mulder... Elle se redressa faiblement sur le brancard et tenta le l’apercevoir. Son coeur s’arrêta lorsqu’elle le vit, pâle, un léger sourire aux lèvres. Un mince filet de sang s’échappait de sa bouche et de son oreille gauche. Il paraissait dormir, mais Scully sut que sa fuite était terminée, qu’il avait enfin trouvé le repos. Elle le regarda une dernière fois avant que les secours la transporte dans l ’ambulance. - Adieu, Mulder. Une larme coulait sur sa joue.