Titre : I want to believe Auteur : Marion Résumé : Je n'en veux aucun, ça conserve le suspens !! Non, en fait, je sais pas trop quoi mettre ! Les personnages sont fictifs et sont la propriété de Chris Carter ; cette histoire n¹a pas été écrite dans un but commercial. Cette histoire se déroule à la fin de la 6e saison, avant Biogenesis. Erratum : Dans cette histoire apparaissent l'homme bien manucuré et des membres du consortium qui en suivant la chronologie de la série ne devraient pas exister car morts à la fin de la 5e saison. ( Merci encore à Maude ;) ) Diana Fowley n'est peut-être pas aussi vieille que je l'écris, mais cela me plait de le croire !! Quand vous lisez un "ELLE" je parle de Fowley, les majuscules soulignant toute ma haine à son égardŠ Camille, j'ai écris la scène avec Skinner pour toi, en espérant que mon inspiration plutôt en voie de disparition vienne au fil des motsŠEt, une dernière chose, si je décris aussi souvent Scully, c'est que cela me désespère que Mulder ne soit pas plus entreprenant et que cela me plait de croire qu'il la considère de la même manière que je décris ses sentiments. En fait, cela me plait de croire que les personnages ressentent des sentiments identiques à ceux que je décris. En conclusion : "I want to believe" Chapitre 1 Georgetown Appartement 402 d¹un immeuble 3h7 am La chambre était plongée dans la pénombre, faiblement éclairée par les rayons d¹un croissant de lune, filtrant à travers les rideaux. Scully se retourna, froissant et défroissant ses draps, et cligna des paupières. Elle glissa un regard vers sa table de nuit, le réveil indiquait 3h7. Elle ne parvenait pas à trouver le sommeil, des pensées fusaient dans sa tête telles des étoiles filantes dans un ciel sombre et gris. Finalement, elle alluma sa lampe de chevet, vaincue, et s¹abandonna tout en contemplant le plafond. Elle laissa ses idées errer. Elle pensa à sa famille, à sa mère, inquiète, toujours, depuis la mort de Mélissa, à son frère, Bill. Elle se rappela leur dernière dispute, ou plutôt leurs dernières disputes, il y en avait tant, et le sujet restait le même, désespérément le même. Une silhouette masculine s¹ébaucha dans son esprit, un large front, surmonté de cheveux bruns, un regard émeraude, où percent l¹intelligence, mais aussi la méfiance, la tendresse et la tristesse, une bouche séduisante, attirante, un menton volontaire, une carrure athlétique : Fox Mulder, Mulder, Mulder. Le nom de son partenaire résonna à ses oreilles comme une exhortation, une prière, une vaine supplique. Sa voix s¹éleva dans le silence, parodiant une cruelle solitude : " Oh, Mulder, Pourquoi ? Oui, pourquoi, ELLE a le droit de t¹appeler Fox ? Pourquoi ELLE est toujours innocente à tes yeux, Pourquoi ELLE paraît si proche de toi ? Pourquoi ELLE te considère comme une chose lui appartenant, comme SA chose ? Pourquoi ELLE est entrée dans ma vie ? ELLE, Elle, elleŠ " La voix s¹étrangla, et le corps prostré sur le lit soupira. Scully se leva, alla dans la cuisine se chercher un verre de lait, puis se pelotonna dans le canapé. Elle se laissait rarement abattre par ces pointes de mélancolie, mais cette nuit, elle ne les repousserait pas avec des espoirs stériles. Des espoirs ressemblant étrangement à sa vie, au sens propre, et au sens figuré. Elle aimait Mulder. Depuis quand ? C¹était plutôt imprécis. La bonne question était quand se l¹était-elle avoué ? Il y avait environ 3 ans. Un brin d¹amour avait germé sur son c¦ur, arrosé par les nombreux moments d¹intimité qu¹ils avaient partagés, par sa présence toujours à ses côtés, par sa confiance, son respect ; son amour ? Non, il ne fallait pas se bercer de folles espérances, bien sûr il était toujours là, la soutenant, la sauvant de nombreuses fois, il avait même tenté de l¹embrasser, mais la situation était si ambiguëŠ Et puis, il avait perdu sa s¦ur, c¹était normal que tout l¹amour qu¹il lui vouait alors, soit reporté sur une autre personne, elle en l¹occurrence. Mais elle avait l¹impression que même le lien qui les unissait s¹était brusquement amincit, il était devenu si fin, presque imperceptible, et tout ça à cause de quoi ? De qui ? ELLE, qui, en une ultime moquerie, portait un prénom, Diana, paronyme du sien. De quel droit, s¹imposait-elle ainsi, sure de le conquérir à nouveau, et de le faire souffrir comme elle l¹avait fait par le passé ? Mulder et elle avaient éprouvé tant d¹évènements, partagés tant de malheurs. Et quand elle avait eu son cancer, quand Emilie était morte, quand elle avait perdu sa s¦ur, vers qui se tournait-elle toujours ? Vers lui, son partenaire, son ami, son confident. Non, ELLE ne pourrait pas effacer ces 6 dernières années d¹un hochement de tête ni d¹un savant sourire. Ne s¹étaient t¹ils pas mutuellement défendus, mutuellement aidés, mutuellement aimés ? MutuellementŠ Scully sentit une vague de tristesse pénétrer en elle, infiltrant la plus infime partie de son corps, lui resserrant le c¦ur comme s¹il était emprisonné dans un étau. Elle se leva péniblement, déposa son verre dans l¹évier puis se recoucha. Pendant qu¹elle essayait de s¹endormir, deux larmes glissèrent sur ses jouesŠ Chapitre 2 Arlington Appartement 42 7h2 am Les rayons du soleil se glissaient entre les fentes du store, mal fermé la veille. Le corps, allongé sur le canapé, bougea lentement, laissant ses sens refaire peu à peu surface, s¹éloignant de l¹abîme de ses rêves, ou de ses cauchemars nocturnes. Mulder battit des paupières, se frotta le visage de ses mains vigoureuses, qu¹il passa ensuite dans ses cheveux ébouriffés. Il se leva, puis se dirigea vers la salle de bain. Il se doucha, tout son corps se réveillant doucement, se préparant à une longue journée de travail. Lentement, ses muscles se contractèrent, s¹activèrent pour sortir de l¹hébétude du sommeil. Après avoir enfilé une chemise, un pantalon, des chaussettes et des chaussures, il se servit une tasse de café bien noir, la première de la journée. Il en prendrait sûrement une autre avec Scully. Scully. Son c¦ur tressaillit. Il ne savait comment lui avouer qu¹il l¹aimait. Au moins, il était déjà certain de ses sentiments, mais impossible de connaître vraiment ceux de Dana ; et puis tout était toujours si compliqué avec elle ! Avec luiŠ Depuis bientôt 4 ans, il l¹aimait, après son enlèvement il s¹était aperçu combien elle comptait pour lui et depuis qu¹il s¹en était rendu compte, il n¹avait fait que jouer avec elle, l¹attirant, l¹intriguant, la courtisant par des remarques, des phrases, ayant des significations plus obscures les unes que les autres. En même temps, il la protégeait, silencieusement, sans qu¹elle s¹en aperçoive, sinon, il aurait réveillé son orgueil, son féminismeŠ et ce qu¹il désirait le moins, c¹était une confrontation avec elle ! Ils s¹en sortaient toujours tous les deux meurtris, malheureux, blessés, et déçus. Comme il y a quelques jours, avec Diana. Il ne savait à quel point cela avait attristé Scully. DianaŠ Il se rappela soudain, il y avait maintenant 10 ans, lors d¹une réunion, lorsqu¹il avait expliqué devant la commission la justesse de sa théorie, et que l¹assemblée le scrutait avec un air hautin et choqué, il s¹était retourné, sentant un regard dans son dos. Il l¹avait alors vue pour la première fois, lui lançant un coup d¹¦il complice et amusé. Elle paraissait plus âgée que lui, il sentait qu¹il ne pourrait jamais savoir ce qu¹elle cachait, qu¹elle le laisserait toujours hors de ses pensées les plus intimes, mais l¹étincelle brillant dans ses yeux lui plu, au point qu¹ils se marièrent. 2 ans plus tard, elle partit, ils divorcèrent, pour son travail, à cause de leur lassitude, leur fragile passion épuisée. Il ressentit alors un grand vide, une honte intérieure, son ego bafoué. Mais il ne l¹avait jamais réellement aimée, en tout cas, pas de la même façon et pas avec la même intensité qu¹il aimait Scully. Même en s¹avouant cela, il ne pouvait se résoudre à déprécier son ancienne amante, pas devant Dana. Leur jeu continuel l¹en empêchait, ce jeu idiot consistant à impressionner l¹autre, par tous les moyens, le surpasser, se surpasser. Avouer que sa relation avec Diana était une erreur revenait à s¹avouer vaincu devant Scully. Et ça, il ne le pouvait pas, il en serait humilié, et elle serait déçue. La chose qu¹il n¹osait reconnaître au plus profond de son c¦ur est qu¹il se refusait à considérer comme un échec sa vie privée. Car elle était bien un échec, presque 40 ans, dormant sur son canapé, seul, toujours, visionnant des cassettesŠ Heureusement qu¹il avait connu Scully. Elle représentait tout pour lui, ses espoirs, la concrétisation de son amour, sa confiance, la personne qu¹il aimait le plus au monde. Il se prit sa tête dans ses mains, comment l¹aborder, il avait peur, peur de lui, peur de sa réaction, peur de Dana, peur de ses émotions. Cette crainte était un des facteurs prolongeant ce jeu stupide entre eux, mais tellement sensuel et excitantŠ Il ne pouvait pas s¹empêcher d¹éprouver de la tendresse, encore, pour Fowley, une pitié tendre, plutôt. Cette femme avait toujours considéré son travail comme la chose la plus importante à ses yeux ; tous ses autres sentiments, elle les rejetait, pensant qu¹ils n¹avaient pas d¹importance. Mais, elle serait toujours malheureuse, cherchant dans le travail un bonheur intérieur qu¹il ne pourrait lui apporter. Elle resterait seule, peut-être que c¹était son destin, peut-être que de toute manière elle ne pouvait se fier qu¹à elle-même. Elle était tellement différente de Scully, Dana. Dana, ne finirait pas sa vie seule. Elle ne le pourrait pas. De toute manière, elle avait besoin de lui, ils avaient besoin l¹un de l¹autre, se sentant perdu, abandonné, quand l¹autre est absent, ensemble était leur force, leur unité, face à tous les ennemis de l¹ombre. Un sourire éclaira son visage, une personne étrangère l'aurait entendu parler, elle l¹aurait prise pour un fou. Sauf Scully, elle représentait la connexion, le vecteur temporel entre deux mondes : le sien et celui des autres, elle comprenait le sien, tout en appartenant à l¹autre. Encore une raison pour lui être reconnaissant, encore une raison de l¹aimer. Comment briser ses barrières, qu¹elle avait érigées comme si leur amour n¹avait aucune chance de survie, mais lui était certain qu¹il en avait une, même plusieurs. Il lui restait le lourd choix des réponses à ces trois questions, où, quand, comment. Il fixa le lourd presse-papier doré en forme de Caducée qu¹elle lui avait offert pour Noël. Il représentait une foule de choses, autant pour lui que pour elle : sa carrière première, la médecine ; sa fonction de " professeur " en lui apprenant toutes les ficelles de la science ; l¹espoir de la découverte de sa quête : la vérité ; l¹humour, lui rappelant avec ironie, qu¹elle serait toujours ainsi, cartésienne et rationnelle ; son affection enfin, l¹éclat de l¹objet lui permettant de se souvenir du chaleureux sourire dont elle l¹avait gratifié, après qu¹il eut ouvert le paquetŠ Il jeta un dernier regard triste sur l¹objet, serrant nerveusement sa tasse refroidie et vide, avant de la mettre sur le sol, de nouer une cravate autour de son cou, d¹enfiler une veste, puis de sortir en claquant la porte. Chapitre 3 Immeuble du Watergate Appartement 7h30 am La chambre baignait dans l¹obscurité, les lourds rideaux empêchant la lumière d¹entrer. Une sonnerie électronique se mit à retentir. La forme allongée dans le lit à montants en bois précieux remua, tendant un bras afin de désactiver le réveil automatique. Elle se leva prestement, enfila une robe de chambre et ouvrit les rideaux. Elle contempla pendant quelques instants la vue du parc, les rues familières s¹éveillant puis après avoir été chercher un verre de jus d¹orange, et fit griller un toast, s¹installa sur une chaise confortable, devant un guéridon, où elle posa son petit- déjeuner improvisé. Tout en sirotant, elle passa son regard sur les meubles de la pièce avec satisfaction. Le charme luxueux de son appartement lui plaisait, les plantes vertes savamment arrangées, les lampes à lumière tamisée et les confortables fauteuils de son salon. Salon, où quelques semaines plutôt, elle avait embrassé Fox. Elle était contente de son geste, pensant avoir fait ce qu¹il fallait au bon moment, pour pouvoir gagner sa confiance. Elle sentait que celui-ci, même s¹il ne l¹aimait plus, au moins, ne la rejetterait pas, c¹était plus que suffisant. Elle avait toujours eu le don de pouvoir utiliser les gens, en servant ses propres intérêts. Lorsqu¹ils étaient sortis ensemble, elle avait passé du bon temps, s¹était amusée, il était si drôle, si boute-en-train, et en même temps si mystérieux et indépendant, qu¹elle ne regrettait pas la relation plus sérieuse qu'il avait eu ensuite, ni leur séparation, car maintenant, elle était sûre d¹avoir fait le bon choix, il ne l¹aurait que gênée. Sa recherche de la vérité et son espoir de retrouver sa s¦ur vivante, en aurait fait plus un boulet qu¹un leitmotiv, dans sa quête à elle, de puissance, de pouvoir, et d¹argent. Une chose la troublait tout de même. Elle ne savait quel lien unissait Mulder à Scully, mais elle doutait qu¹il soit plus intime qu¹il n¹y paraissait. Même si devant elle, il restait froid avec Scully, à chaque fois, dans l¹air, elle parvenait à distinguer une tension de jalousie et de passion inavouée. Elle fut interrompue dans ses pensées par le répondeur qui se mit en marche. " Vous êtes bien chez Diana Fowley. Je suis absente pour le moment, mais vous pouvez me laisser un messageŠŠŠŠŠŠ.tut.tut.tutŠŠDiana, il faudrait que l¹on se voie, je vous attendrais à l¹endroit habituel à 10h15. " Elle reconnut immédiatement la voix calme, grave, posée et sure d¹elle qui venait de parler. Il voulait sûrement l¹entretenir du " cas " Mulder et Scully. Ce n¹est pas que cette affaire la réjouisse particulièrement. Elle admirait Scully tout en la détestant, et ce n¹était pas particulièrement amusant d¹éliminer un ex-mari avec lequel elle avait passé une partie de sa vie. Enfin, elle devait suivre les ordres, bientôt, il ne resterait plus, des agents Fox Mulder et Dana Scully, que leur nom gravé sur le mémorial rendant grâce aux agents tués en missionŠ Chapitre 4 Washington J. Hedgar Hoover Building FBI Bureau de l¹agent Fox Mulder 7 h 58 Scully frappa à la porte, puis entra dans la pièce. L¹aspect habituel la rassura, lui redonnant confiance. Elle trouvait stupide de s¹être laissée aller comme ça en pleine nuit. Mulder lui tournait le dos, il regardait pensivement le poster affiché sur le mur, le même poster depuis 6 ans, enfin, pas exactement le même, le premier avait brûlé dans l¹incendie qui avait éclaté il y a presque un an. Les grosses lettres à l¹encre noire : I want to believe se détachaient sur le ciel bleu. I want to believe, la philosophie de Mulder depuis toutes ces années ; le plus surprenant, c¹était qu¹il se trompait rarement, pratiquement jamais. Voilà pourquoi ils s¹en sortaient toujours saufs. Il ne devait pas l¹avoir entendue arriver, il ne se retournait toujours pas. Elle lui attrapa l¹épaule gentiment, tout en lui lançant un " Bonjour " qui se voulait joyeux. Il la regarda enfin, avec un regard si mélancolique et tendre qu¹elle en fut bouleversée. Même si elle n¹y croyait pas trop, elle se disait que les astres avaient du s¹orienter d¹une bien curieuse façon pour que tous les deux soient si inhabituellement nostalgiques. " Ah bonjour, Scully. " Il ne put s¹empêcher de la détailler. Sa chevelure rousse, ses sourcils interrogateurs, ses profonds yeux bleus, son petit nez discret, sa bouche pleine et boudeuse. Et tout d¹un coup, il fut heureux, heureux de la savoir avec lui, heureux de la sentir avec lui, heureux de la retrouver aujourd¹hui. Scully regarda sur le bureau, malgré les nombreux dossiers qui l¹encombrait, elle remarqua celui que devait tenir Mulder quelques instants avant qu¹elle n¹arrive. Elle le prit et le parcourut. Il s¹agissait d¹une photo du petit Gibson Praise, prise dans un hôpital. Il n¹y avait aucune date, aucune indication. Elle l¹interrogea du regard. Mulder la regarda alors, puis lui parla d¹une voix égale : " Diana m¹a donné cette photo ce matin. " Scully baissa la tête un instant pour cacher le tremblement de ses lèvres, son désespoir matinal encore frais dans sa mémoire. Quand elle le fixa à nouveau, elle avait repris son sang- froid, et c¹est d¹une voix dénuée d¹expression qu¹elle lui répondit. - Où et quand a-t-elle été prise ? - Nous n¹en savons rien. - Et comment l¹a t¹elle obtenue ? - Elle n¹a pas voulu me le dire. Scully fit une petit moue avec sa bouche. - Alors je ne vois pas très bien à quoi cette photo pourrait nous servir. - J¹aimerais que tu la regardes attentivement, j¹espérais que ton ¦il perspicace aurait pu nous aider. Elle sortit ses lunettes de son sac puis parcourut la photo des yeux. L¹enfant paraissait mal en point, allongé sur le lit à barreaux et recouvert d¹un draps. Elle distingua une pendule sur le mur du fond, et une table jonchée de papiers, sûrement les résultats des examens. Elle scruta plus attentivement le lit, les draps d¹une blancheur immaculée, quand quelque chose retint son attention. Mulder la vit froncer les sourcils, il se doutait qu¹elle avait remarqué ce dont il s¹était lui-même aperçu avant qu¹elle n¹arrive. Une petite inscription, en rouge, était cousue sur le draps. Elle lui dit : - Le drap porte une inscription tissée au fil rouge, sans doute le nom de l¹hôpital pour éviter les confusions au service d¹hygiène. - C¹est pourquoi j¹ai fait agrandir cette photo. Tiens, regarde. Il lui tendit une autre épreuve. On pouvait en effet lire Hôpital de la Madeleine. - Pourquoi, m¹as tu interrogé si tu avais déjà trouvé ce que tu cherchais ? lui demanda Scully avec un soupçon d¹agacement. - Pour voir si tu devais changer de lunettes ! Elle lui fit une petite grimace amusée. Il pouvait sans trop de mal lui faire ravaler sa mauvaise humeur, et il ne se gênait pas pour le faire le plus souvent possible. - Alors, je suppose que tu as demandé la liste des hôpitaux de la Madeleine de tout l¹état et que tu leur as ensuite téléphoné pour savoir s¹ils avaient un patient du nom de Gibson Praise ? - Et tout ça en 20 minutes ? Je ne suis pas SuperMulder ! Pour téléphoner aux hôpitaux, je t¹attendais. Je suis sûr qu¹ils seraient beaucoup plus coopérants si c¹était toi qui le leur demandait ! lui rétorqua t¹il en lui faisant un clin d¹¦il. Elle alla chercher une chaise et s¹installa devant le téléphone. Elle prit la liste des numéros, et commença à appeler pendant que Mulder s¹amusait à lancer des crayons au plafond. Après une heure de recherches infructueuses, Scully s¹entendit enfin répondre par l¹affirmative. Un petit Gibson était arrivé l¹avant-veille dans un sal état, amené par une personne qui s¹était ensuite volatilisée. Elle nota l¹adresse puis raccrocha. - Hôpital de la Madeleine, à la frontière de la Virginie. Mulder la regarda, arrêtant son geste, c¹est à dire, un crayon en équilibre dans sa main droite, avant de réaliser de quoi elle lui parlait. - Bon travail, agent Scully, on y va. Elle ne put s¹empêcher de lui répondre sur un ton glacé et jaloux, empli de toute sa rancune contre ELLE : - Je suppose que l¹agent Fowley va t¹accompagner ? Mulder, même si la rivalité des deux femmes l¹amusait, se sentit triste et peiné du ton qu¹avait pris Scully. - Mais pourquoi diable veux-tu qu¹elle m¹accompagne ? - Pour la même raison qui t¹oblige à lui faire encore confiance. Scully se mordit la lèvre, désireuse d¹oublier, et non de raviver la dernière querelle qu¹ils avaient eu. Elle sortit, laissant le dossier, sans même jeter un regard à Mulder. Celui-ci la regarda s¹éloigner. Il soupira, il ne voulait avouer à Scully l¹étroitesse de la relation qu¹il avait eu avec Diana. Mais il restait persuadé que même si plus rien ne les unissait, ce qu¹ils avaient vécu dans le passé méritait qu¹il lui accorde toujours sa confiance. Il prit sa veste, l'enveloppe ocre contenant la photo et sortit après avoir fermé à clefs. Arrivé devant l¹ascenseur où il avait rejoint Scully, Mulder appuya sur les boutons d¹appel, trop absorbé par ses pensées pour remarquer qu¹ils étaient déjà enclenchés. Gêné par le silence qui s¹installa ensuite, il se plongea dans l¹étude de la photo qu¹il tenait à la main, tandis que Scully oscillait légèrement, en signe d¹impatience. Ils étaient tous les deux contrariés, lui d¹avoir augmenté la tension qui les séparait, et elle de devoir mener une enquête qui l¹impliquait ELLE. Une petite sonnerie retentit avant que les portes ne s¹ouvrent. Scully, toujours préoccupée, ne leva la tête qu¹une fois à l¹intérieur de l¹ascenseur, quand celui-ci se mit en branle et qu¹elle croisa le regard fixe, insensible et hypocrite de Fowley. - Fox, je te cherchaisŠŠŠOh, heu, bonjour Agent Scully. - Bonjour Agent Fowley. Scully s¹écarta, laissant Mulder et ELLE, côte à côte, ne voulant instinctivement qu¹aucune, pas même une infime parcelle de son anatomie, soit en contact avec ELLE. Fowley baissa la voix. - C¹est au sujet de la photo. - Je t¹écoute ? répondit Mulder, tout en regardant Scully, qui avait repris son attitude impassible et indifférente qui masquait si bien ses sentiments. - Non, je voudrais t¹en parler en particulier. Mulder hésita, ou il acceptait et il blesserait profondément Scully, ou il refusait et dans ce cas, risquait de ne pas obtenir une information intéressante. Son désir de savoir l¹emporta, il se dit que de toute manière, il avertirait Dana de ce qu¹il avait appris plus tard. - Entendu. - Je t¹attendrais à 10h30 près de la sortie. Il hocha la tête puis ne quitta plus Scully du regard, elle ne paraissait plus appartenir à la réalité, son front penché vers le bas, ses mains croisées dans une attitude défensive. Chapitre 5 46e rue, New York City 8h12 Plusieurs hommes se tenaient dans la salle enfumée. L'un d'entre eux, corpulent, doté de grosses bajoues et de lèvres tombantes prit la parole : - Nous devons absolument nous débarrasser d'eux, il n'y a pas de temps à perdre. Un homme, le visage sillonné de rides, aux lèvres étroites transperça son interlocuteur de ses yeux bleus enfoncés dans leurs orbites. Il alluma une Morley avec son briquet, calmement, froidement avant de répondre : - Vous avez toujours été trop impulsif et impatient. Rappelez- vous quel était le but d'affecter l'agent Dana Scully à l'agent Fox Mulder. Il s'interrompit, aspirant une bouffée de sa cigarette. Un autre homme parla. Assis dans un fauteuil, les cheveux blancs, les lèvres minces et le visage fatigué, il était le plus humain des membres du consortium, dans la mesure où l'on pouvait les qualifier d'humain. - Nous nous étions mis d'accord qu'il fallait attribuer une coéquipière à l'agent Mulder afin que nous ayons un nouveau moyen de pression sur lui. L'homme à la cigarette hocha la tête puis continua. - C'est exact. L'agent Dana Scully lui a été confié, puis enlevé et ce pour qu'il y tienne suffisamment. Maintenant, je pense que nous avons réussi cette opération. Un homme s'approcha, les cheveux grisonnants, des lunettes sur un nez pointu, il entra dans la conversation: - Je pense que de toute manière, il nous faut régler cette affaire au plus vite, Mulder nous pose des problèmes depuis le début, je pense que vous l'avez négligé mais il ne faut pas qu'il devienne notre préoccupation première, nous avons d'autre affaires beaucoup plus graves à traiter. L'homme écrasa sa cigarette dans un cendrier puis lentement en sortit une autre de son paquet, l'alluma avant de poursuivre : - Je ne l'ai pas négligé, je m'en suis servi. Le gros homme qui s'était écarté intervint : - Peu importe, de toute manière, il faut prendre une décision. Secouant les cendres de sa cigarette, le fumeur rétorqua : - C'est ce que je vais faire. Je disais donc que Mulder et Scully sont maintenant assez proches pour que Mulder ne puisse supporter de la perdre. Ils travaillent ensemble depuis 6 ans environ, elle a perdu des proches, lui aussi, elle a eu un cancer, il l'a guérie, il a même été la sauver en Antarctique. Je crois qu'il ne nous reste plus qu'une seule solution. Monsieur ? L'homme à la cigarette, C.G.B. Spender, interrogea du regard celui qui était assis dans le fauteuil et qu'on pouvait qualifier de bien manucuré. Ce dernier le regarda un instant puis haussa les épaules et dit : - Il faut la tuer. Sa phrase résonna dans le silence de la pièce alors que C.G.B. Spender étouffa son sourire d'un nouvel écran de fumée. Chapitre 6 Washington J. Hedgar Hoover Building FBI Parking 10h15 Une voiture était stationnée derrière un pilier, le chauffeur attendant un ordre de son employeur. Celui-ci, assis sur le siège arrière fumait tranquillement. Lorsqu¹il entendit des pas, il ouvrit sa portière, jeta la cigarette, qui finissait de se consumer sur le sol grisâtre, lorsqu¹il l¹écrasa avec son talon droit, puis sortit enfin de la voiture, son imperméable se mouvant comme une ombre dans son sillon. Il s¹appuya sur le pilier, sortit un paquet de Morley, et alluma une cigarette. Diana avançait rapidement, sûre d¹elle, de sa position, de ses actions futures. Elle fixa un instant C.G.B.Spender, se demandant ce à quoi pouvait penser cet homme qui avait laissé sa femme aux mains d¹extra-terrestres avides d¹extermination et avait tué son propre fils. Il tirait doucement sur sa cigarette, aspirant la fumée meurtrière qu¹il abandonnait ensuite par ses lèvres entrouvertes, en volutes légères et éphémères. Quand elle arriva à sa hauteur, il la salua d¹un signe de tête, elle lui tendit une main, qu¹il saisit placidement. - Alors, comment procéderons nous ? - Pas nous, vous. Son haleine, sentant le tabac, imprima l¹air ambiant d¹un écran de buée. - Je lui ai confié la photographie. - Bien, j¹ai réfléchi, cela ne sert à rien de les tuer tous les deux. Il s¹interrompit pour allumer une autre cigarette, le mégot de l¹ancienne gisant déjà à terre. - Cela ne fera que paraître encore plus suspect, je n¹ai pas une entière confiance en Skinner, il pourrait nous mettre des bâtons dans les roues. Il faut seulement tuer l¹agent Dana Scully. Mais il faut qu¹elle meure, que Mulder ne puisse pas la sauver encore une fois. Ensuite, il se tuera de lui-même ; ils sont devenus trop proches, il ne vivra pas sans elle. - Mais, si Mulder arrivait tout de même à la sauver ? - C¹est un risque à courir, mais je reste persuadé que vous mènerez à bien cette mission. Il lui jeta un regard menaçant, dur, implacable. Elle avala sa salive, palpant la tension de l¹instant. - Je la mènerai à bien, sinon ? - Il n¹y a pas de sinon. Il se retourna, monta dans la voiture, et fit signe à son chauffeur. La grosse berline se dirigea vers la sortie, sous les yeux légèrement troublés de l¹agent Fowley. Elle mènera à bien cette affaire, comme elle avait toujours mené à bien tout ce qu¹elle avait entrepris, un seul facteur différait, là, elle jouait sa vie. C.G.B. lui proposait un test, elle réussissait, elle accèderait à ce à quoi elle aspire ou elle échouait, elle serait supprimée comme tout élément perturbateur. Chapitre 7 Washington J. Hedgar Hoover Building FBI 10h32 Mulder se tenait devant la fontaine, son manteau d¹hiver l¹enveloppant dans une chaude étreinte. Diana le dévisagea rapidement, elle n'avait pas besoin de beaucoup de temps pour rafraîchir sa mémoire. Elle le voyait debout de toute son impressionnante ossature, droit, fier dans cette glaciale matinée de novembre. Son cerveau actif et clairvoyant devant estimer sa force et ses faiblesses, dans le même moment qu'elle en faisait de même. Son regard vif, mystérieux, expressif devait actuellement glisser sur sa silhouette, honnêtement dévoilé, il la juge, mais son sens habituellement infaillible troublé par l'apparition de sentiments étrangers enlevant toute objectivité. Sa mâchoire forte et pourtant si attirante, ses yeux d'un vert déterminé, se préparant à la prochaine bataille, il avançait dans la vie comme un chevalier solitaire, gagnant ou perdant chaque combat sans stratégie prédéfinie, seulement guidé par son instinct, son instinct d'homme, son instinct de mâle, son instinct primaire et contradictoirement évolué. Il suivit la silhouette qui s¹approchait. Encore séduisante pour son âge, Diana avait bien 6 ou 7 ans de plus que lui, elle avançait en balançant ses hanches, la raideur du mouvement empêchant toute connotation sensuelle. C¹est là que Scully remportait le duel. Elle était la personnification de la sensualité : sa démarche fluide, son petit déhanché, ses jambes galbées, sa taille mince, ses formes délicates, ses mains fines et douces, ses lèvres généreuses, son petit nez busqué, ses grands yeux, ses sourcils mobiles et expressifs, son large front, sa chevelure soyeuseŠ Le plus séducteur était que sa sensualité n¹était pas provoquée, mais si naturelle qu¹aucun homme neŠ - Mulder ? Brusquement tiré de ses pensées, il la fixa, la tête ailleurs, se perdant dans l¹univers de ses fantasmes. - Mmm ? - Et bien, que t¹arrive t-il ? - Oh, rien, je réfléchissais. Elle le provoqua de son regard innocent qu¹elle réussissait si bien à simuler. - Je dois me dépêcher, je n¹ai pas beaucoup de temps à te consacrer, et il faudrait mieux qu¹ils ne nous voient pas ensemble. - Que voulais-tu me dire de si important ? - Je sais où les expériences du petit Gibson ont été menées. Elle lui prit la main, s¹attardant un peu trop longtemps, laissant ses doigts errer sur la paume de Fox avant d¹y abandonner un papier plié en quatre. Mulder regarda le feuillet puis l¹interrogea : - Et pourquoi ne pouvais-tu pas me dire ça devant Dana ? DANA, C.G.B. avait donc raison, ils étaient plus que de simples partenaires. Elle ne savait comment se tirer de ce mauvais pas, elle ne lui avait demandé un rendez-vous seul à seul rien que pour ennuyer Scully, par méchanceté gratuite ou plutôt jalousie féminine. - Je doutais que l¹agent Scully ne me fasse confiance. - Š - Aurevoir Fox. Elle s¹approcha, et posa délicatement ses lèvres sur la joue de celui-ci, avant de s¹éloigner. Elle savait qu¹elle ne le reverrait plus, ou du moins pas dans le même état. Mulder continua de l¹observer, mal à l¹aise, soudain. Chapitre 8 Route nationale 11h04 Dana pensait à sa vie, chose qui lui posait le plus de problèmes moralement parlant. Elle tournait en rond, comme un serpent se mordant la queue, comme le tatouage qu¹elle s¹était fait faire quand elle avait fréquenté cet inconnu. Elle savait ce qu¹elle ne voulait pas, mais impossible d¹établir concrètement ce qu¹elle désirait, ses propres ultimatums ne lui laissant à peine le loisir de respirer dans la sécurité absolue dont elle s¹était protégée. Protégée ? Peut-être seulement en apparence, peut-être se détruisait-elle simplement en douceur, s¹asphyxiant par des contraintes imaginaires. Elle qui avait réponse sur tout se connaissait si mal, cherchant par tous les moyens à savoir ce qui se passait dans sa tête, voilà pourquoi elle était retournée chez Padgett, voilà pourquoi elle avait failli mourir pour la nième fois. En fait, elle avait peur, elle qui ne reculait jamais devant rien avait peur de ses propres sentiments, de leurs conséquences et surtout de devoir les assumer; un jour, la douleur sourde deviendra si intolérable qu¹il faudra bien qu¹elle la regarde en face, elle était malade d¹aimer, et elle en avait honte, devenant parfois d¹une gaieté exagérée, employant parfois un ton si sarcastique qu¹il en était blessant, agissant le plus souvent de manière impassible, indifférente contre les déchaînements d¹une vie qu¹elle subissait plus qu¹elle ne vivait. Scully lui donnait le dos, son visage tourné vers la vitre. Il ne savait comment engager la conversation et lui apprendre sa dernière découverte. Il fut content que ce fut elle qui fit le premier pas, mais il ne s¹attendait pas du tout à cette question. - Pourquoi l¹agent Fowley t¹appelle Fox, je croyais que tu détestais ce prénom ? Il la regarda avec inquiétude pendant un moment, cherchant une réponse adéquate. Ses prunelles, d¹un bleu azur pur et serein, affichaient une déconcertante indifférence. - Une vieille et mauvaise habitude. Un léger frisson parcourut l¹échine de Scully, ou bien était- ce un tremblement ? En tout cas, elle ne poursuivit pas la discussion, lui refusant même un regard. Il continua tout de même bravant son attitude négative. - Elle m¹a donné l¹adresse de l¹endroit où ont été menées les expériences sur Gibson. - Ah - Cela ne t¹intéresse pas ? Elle secoua la tête, évitant son regard. - Ce n¹est pas que cela ne m¹intéresse pas, mais je ne crois pas que l¹information me soit destinée. - Voyons, Scully, tu penses vraiment que si elle ne te concernait pas je t¹en aurais parlé ? - Š - Je me dirige vers l¹endroit en question. J¹aimerais sincèrement que tu m¹accompagnes. Il accentua ses paroles en lui prenant la main. - Qu¹est ce qui ne vas pas ? Je peux peut-être t¹aider ? Scully planta ses yeux dans les siens et se dit intérieurement : " Oh oui, tu pourrais m¹aider, mais jamais, jamais je ne te le demanderais, tu me connais si malŠ " - Non, ça va, j¹ai mal dormi la nuit dernière. Rassuré par ce mensonge, Mulder lâcha sa main avec regret pour tourner le volant dans un virage aigu, et malgré sa volonté de lui agripper la main à nouveau, il ne le fit pas, pas maintenant. Chapitre 9 Entrepôt n°9 11h18 Mulder coupa le contact, et tous les deux sortirent de la voiture. Il entraîna Scully derrière lui, posant une main sur sa taille. Le lourd cadenas de la grande porte coulissante, rouillé par les intempéries, sauta facilement sous la poussée de son bras. Ils pénétrèrent tous les deux à l¹intérieur. Des caisses s¹amoncelaient un peu partout, mais aucune trace d¹une opération quelconque subsistait. Le tireur se cachait derrière une caisse, son automatique, le cran de sécurité relevé, braqué sur la jeune femme. La porte dissimulée derrière lui lui permettrait de s¹enfuir quand ce serait nécessaire. Cela faisait environ une heure qu¹il se concentrait, révisant dans sa tête le déroulement de l¹opération. Enfin, il la vit dans son objectif, le moment était venu. Son index appuya calmement sur la détente. Scully entendit un léger déclic, suivi si rapidement d¹une petite détonation qu¹elle n¹eut pas le temps de se retourner pour discerner l¹origine du bruit, avant qu¹une balle l¹atteigne un peu au-dessus du sein gauche, déchire en un dixième de seconde sa veste et son chemisier, lui brise une côte et perfore son artère sous-clavière. Elle ressentit une brûlure vive, une douleur intense, puis vacilla, ses fonctions motrices faiblissant, elle perdit momentanément connaissance tandis que Mulder la prenait dans ses bras. Mulder, qui avait laissé Scully en retrait était revenu sur ses pas dès qu¹il avait entendu un bruit suspect. Il vit alors, avec impuissance, la balle atteindre sa partenaire. Il se précipita et la rattrapa avant qu¹elle ne tombe tout à fait, il serra dans ses bras le corps chaud et mou, tous les muscles relâchés, ne recevant aucun ordre du cerveau. Le visage de Mulder se crispa sous la colère et la terreur, alors qu¹il criait son nom, sa voix effondrée, grave, cassée, se répercutant sur les murs gris de l¹entrepôt. Il l¹allongea du plus confortablement qu¹il put sur le sol lisse, froid par l¹automne finissant. Il déboutonna son chemisier après avoir écarté le pans de sa veste, enleva sa bretelle de soutien- gorge, et appuya ses mains sur le trou béant, aux extrémités déchiquetés, qu¹avait provoqué l¹impact de la balle dans la chair. Malgré ses faibles connaissances en médecine, il savait que s¹il n¹arrêtait pas l¹hémorragie, elle n¹avait aucune chance de survie. Il enleva sa veste d¹une main, qu¹il passa sous sa tête, puis appela les secours. Scully ne sentait plus son corps, tous ses membres figés par la douleur et le froid, seuls les tissus voisins de la blessure étaient encore vifs. Elle battit des paupières faiblement, remarqua Mulder, auprès d¹elle, lui touchant, lui frôlant le sein, ironiquement, pour la première fois. Elle se dit que l¹on pensait à des choses bien curieuses, avant la mort. Elle voulut parler, elle était trop faible, sa tête dodelina sur la veste de Mulder. Mulder la vit doucement remuer. Il tint sa tête dans ses mains, scrutant son visage, attendant n¹importe quoi, un miracle. Il vit ses lèvres bouger faiblement, mais aucun son ne sortit. Un filet rougeâtre, brunâtre, du sang, apparut à la commissure de ses lèvres, coula sur le menton blanc et délicat de Dana, comme une goutte d¹eau en équilibre sur une rose, fraîche, récemment éclose, déjà fanée par le temps. Mulder se mit alors derrière elle, sa tête sur ses genoux. Il caressa ses cheveux, embrassant son front fiévreux, murmurant son nom, implorant les esprits de la sauver, de LES sauver. Il savait que si Dana le laissait, il mourrait. Les larmes ruisselèrent sur sa joue quand il prit son poignet et sentit son pouls, irrégulier, pratiquement imperceptible. Il murmura à ses oreilles : - Dana, je t¹en prie, ne m¹abandonne pasŠ sa voix s¹estompa dans un râle de désespoir. Scully l¹avait senti s¹approcher d¹elle, mais tous ses sens étaient cotonneux, elle ne pouvait ni parler, ni entendre, ni voir. L¹obscurité la gagnait, l¹obscurité de la mort, reposante, froide mais éternelle, où elle retrouverait son père, sa s¦ur, sa fille, mais pas lui. Dans un dernier sursaut, elle tenta d¹échapper à son sort, essayant de régulariser sa respiration, elle ne voulait pas partir comme ça, sans tout lui avouer, sans lui. Et, dans un suprême effort, elle remua ses lèvres déjà bleuies, teintées de perles grenâtes. Mulder s¹approcha, retint son souffle, un son s¹enfla dans la gorge de sa partenaire, seulement un gargouillement en sortit. Il renversa sa tête, tout en continuant de caresser son front, ne pensant à rien qu¹à cette vie dans les balbutiements de la mort. Chapitre 10 Washington Hôpital 12h43 Mulder était assis sur une chaise, tenant la main, si fine, de Scully. Un gros bandage entourait sa poitrine et son épaule, la blouse de l¹hôpital cachant mal sa nudité. Elle avait les yeux clos, pale, fragile, et calme. L¹écran en face de lui indiquait son rythme cardiaque. Elle n¹avait pas encore repris connaissance, la balle avait été retirée avec succès lors de l¹opération sous anesthésie qu¹elle avait subie. Il se rappela son désespoir dans l¹entrepôt, lorsqu¹il avait vu le regard compatissant, la pitié des ambulanciers. Mais, ils ne connaissaient pas Scully, ce petit bout de femme si fort, si déterminé. Pourtant, lui, la connaissait-il vraiment ? Il repensa à ce qu¹elle lui avait dit dans la voiture, et il sut. Il sut qu¹elle lui avait menti, qu¹elle n¹allait pas bien. Il faudrait qu¹il lui parle quand elle irait mieux. Puis la question qu¹il se refusait à énoncer lui vint sur le bout des lèvres sans qu¹il le veuille : qui avait voulu la tuer ? On avait vraiment essayé de la tuer, de la lui enlever, encore une fois. Il ne pouvait pas, ne voulait pas croire que Fowley l¹avait trahi ; et pourtant, tout l¹indiquait, c¹était elle qui lui avait remis la photo et l¹adresse de l¹entrepôt. Scully battit des paupières. D¹abord affolée de la douleur qui élançait son bras gauche, elle fut tout de suite rassurée par la présence de Mulder, par sa main ferme et sûre dans la sienne, par leurs doigts, tendrement enlacés, et par le petit mouvement circulaire tellement émouvant de son pouce sur le dos de sa main. Elle regarda autour d¹elle, elle se trouvait dans une chambre d¹hôpital. Dieu était encore venu à son secours, décidément, elle allait croire qu¹elle était immortelle. Le front plissé, soucieux, Mulder la regarda reprendre peu à peu ses esprits. Il s¹approcha alors du lit, lui caressa le front avant de lui murmurer : - Tu m¹as fait une sacré peur cette fois ! Je plains vraiment ton agent d¹assurance ! Elle lui sourit faiblement. - Je suis ici depuis combien de temps ? - Environ 2h. Elle cligna des paupières, s¹adaptant lentement à la clarté de la chambre, puis elle enchaîna : - A t¹on prévenu ma mère ? - Je ne l¹ai pas encore fait, mais si tu veux, je peux m¹en occuper. - Non, je ne veux pas. Je ne veux que ni elle ni Bill ne soient au courant de ce qui m¹est arrivé. Il la regarda, attrapant ses prunelles dans les siennes, captant l¹émotion contenue dans cet étroit infini glacé. Elle ne voulait pas que sa famille sache ce qui s¹était passé, d¹une part pour ne pas les inquiéter et d¹autre part, pour que Bill ne lui fasse pas encore une scène, ne LEUR fasse pas encore une scène. - Scully pourquoi restes-tu encore avec moi ? Il la fixa d¹un regard douloureux. Elle ne méritait pas de subir tout ça à cause de lui. Elle ne LE méritait pas. Elle ne ferma les yeux qu¹après quelques instants, quand elle eut comprit sa détresse. - Ce n¹est pas le moment, je suis fatiguée. Elle regretta ses mots à la minute qu¹elle les eut prononcés. Ce n¹était pas une réponse, et elle n¹avait pas l¹habitude de se défiler. Enfin, elle ne pouvait raisonnablement pas lui dire que c¹était par amitié ni même par amour, il passerait outre et leur ferait trop de mal, essayant de sauver ce qui reste d¹eux en omettant le principal : la seule chose qui reste d¹eux est ce foutu boulot, si corrompu, si dangereux, mais si important pour cette putain d¹humanitéŠ Effectivement, elle était trop fatiguée pour reprendre une discussion sérieuse, il se leva après avoir passé sa main dans ses cheveux, lentement, amoureusement. Sa tendresse fut vite relayée par sa colère contre Diana. Il ferma doucement la porte, puis alluma son téléphone cellulaire. En composant le numéro, il faillit se heurter avec Fowley. Il lui attrapa l¹épaule et l¹apostropha : - Tu vas voir ta nouvelle victime ? Il l¹aimait, elle en était sûre, l¹intuition féminine est infaillible. Un burin de jalousie frappa son c¦ur de pierre. - Mais non, j¹allais juste rendre visite à Dana. - Dana ? C¹est son état qui te donne le droit de l¹appeler par son prénom ? Fowley passa en revue toutes les possibilités qui s¹offraient à elle, cela fut vite fait, il n¹y en avait qu¹une, essayer tant bien que mal de regagner la confiance de Mulder. Il était si naïf, si crédule pour ce qui touchait les sentiments, sa paranoïa naturelle repoussée par son manque d¹expérience. Elle se concentra, humidifia rien que par sa volonté ses yeux, pris un air bouleversé et désespéré. - Je sais que tu me détestes maintenant, mais je te jure que je ne savais pas. J¹ai tout fais pour t¹aider, et voilà où ça l¹a menée. Elle fit trembler sa voix, exprimant la culpabilité dont elle foudroya Mulder. - Tu veux dire que tu n¹étais pas au courant de ce qu¹ils manigançaient ? - Non, et dès que j¹ai appris leur projet, je t¹ai laissé un message à ton appartement, mais c¹était déjà trop tard. Mulder hésita. Il voulait la croire, lui faire confiance une dernière fois. - Tu as de la chance qu¹elle soit encore en vie. Qui est à l¹origine de tout ça ? C.G.B.Spender ? - Je ne crois pas, je ne sais pas. J¹ai juste trouvé la photo qui traînait dans un tiroir, mais plus tard j¹ai surpris une conversation etŠ - Je veux que tu m¹obtiennes un rendez-vous avec le fumeur. - J¹essaierais. Elle lui prit la main, lui murmurant à l¹oreille un " je suis sincèrement désolée " qui sonnait faux. Il se dégagea, puis retourna dans la chambre de Scully. Elle regardait par la fenêtre, sentant Mulder s¹approcher. Il fallait qu¹elle le lui dise avant qu¹elle ne disparaisse une fois pour toutesŠŠ dès qu¹elle sortirait de l¹hôpital. - Je vais aller voir les bandits solitaires, tu veux que je leur passe un message ? Elle tourna sa tête, entendant avec bonheur la chaleur de sa voix. - Oui, dit à Frohike que ce n¹est pas parce que je suis de plus en plus souvent à l¹hôpital qu¹il ne doit pas venir me voir ! - Bien. Il pivota pour partir quand il l¹entendit : - Tu peux passer chez moi ? J¹aimerais que tu me rapportes quelques affaires et que tu envoies un e-mail à Bill. C¹est comme ça que son instinct protecteur fraternel se trouve rassuré toutes les semainesŠ - OK. Interrompant son chemin vers la porte, Mulder se dirigea vers le lit. Il se pencha, saisit la nuque de Scully dans ses mains et lui embrassa le front, murmurant à son oreille : - Merci. Et il quitta finalement la chambre. Chapitre 11 Washington D.C. 13h22 Mulder se tint devant la porte de la caravane. L'objectif de la caméra le suivant alors qu'il appuyait sur l'interphone. Il entendit un grésillement puis la voix lente de Frohike : - Mulder, c'est toi ? On ne t'a pas suivi ? - Mais non Frohike, tu peux ouvrir. Il perçut à travers la paroi les bruits des chaînes et des cadenas qu'on déverrouillait. Puis la porte s'ouvrit rapidement, la tête à lunette qui en sortit jeta un regard furtif et méfiant à l'extérieur avant de le laisser entrer, puis de remettre en place toutes les fermetures haute sécurité de la porte. - Nous avons appris que l'agent Scully s'en était sorti. Byers et Langly s'avancèrent vers Mulder. - Mais que diable vous est-il arrivé ? - On a été attiré dans un entrepôt et il y avait un tireur embusqué. - On ne vous lâche pas ! Langly retourna vers l'ordinateur qu'il avait abandonné quelques instants auparavant. - Je vais voir si je peux trouver quelque chose. Mulder s'avança vers l'écran. - Non, je veux que tu me trouves des informations concernant Fowley, c'est elle qui m'a donné l'adresse de l'entrepôt. Byers et Frohike le regardèrent avec surprise. - Ne me dis pas que tu lui as fait confiance ? - Après ce que nous t'avons dit ? Mulder baissa la tête sous le poids de sa culpabilité. Frohike le menaça. - Si l'agent Scully n'était pas tirée d'affaire tu aurais passé un sale quart d'heure ! - Je sais que c'est de ma faute, mais je suis sûr qu'elle n'y ai pour rien. - Mulder tu refuses l'évidence, à chaque fois que tu as eu un problème ses derniers temps, elle était dans le coup ! - Je sais, mais elle n'a pas pu me faire ça ! - Mulder je sais que c'est difficile à croire, mais la Fowley d'aujourd'hui n'est plus celle que tu as connu il y a longtemps. Frohike l'attira à l'écart. - Mulder, écoute moi, tu aimes Dana, n'est ce pas ? Mulder hocha la tête en signe d'assentiment. - Rien que pour elle tu te dois d'éviter de la croire. Scully est plus touchée que tu ne le crois pas ton manque de certitude envers elle. C'est une femme et les femmes ont besoin de se sentir soutenues et plus particulièrement contre leurs semblables. - Frohike, qu'est ce que tu en sais ? Tu fais une fixation sur elle depuis que je te l'ai présentée ? - Ne m'écoute pas, fais à ta tête et ça te retombera dessus un jour ou l'autre ou sur elle, si c'est ce que tu veuxŠ Langly interrompit le début de leur dispute : - Et les gars, j'ai trouvé quelque chose ! Mulder s'approcha du moniteur. Langly lui montra la liste de noms d'agents fédéraux, issue de la mémoire informatique. - Regarde, Fowley a consulté le dossier de Gibson Praise une première fois il y a 5 jours, puis une seconde et une troisième fois il y a 3 jours, et enfin une dernière fois hier. Langly tapa sur le clavier, la mention "access denied" clignota. Il entra un code puis voulut consulter le dossier en question, sa démarche aboutie à une page vierge. Mulder regarda Byers, Frohike et Langly, tous les trois arboraient une figure contrite. Il ne voulait pas croire qu'elle l'avait trompé, pas elle, pas lui. D'une voix blanche, il demanda : - Qu'est ce que ça veut dire ? Après quelques manipulations, Langly répondit : - Fowley a consulté le fichier dans le même laps de temps pendant lequel celui-ci a été effacé. Mulder ferma les yeux puis abattit son poing sur le bureau. Le bruit fit sursauter les trois hommes. Ses traits se contractèrent sous la colère et le sang lui monta au visage. Il n'avait pas voulu croire Scully, l'avait blessée, avait failli être complice de l'assassinat de la femme qu'il aimait, et tout ça à cause d'une confiance aveugle, de sa faiblesse envers son ex-femme. Il sortit, claquant la porte derrière lui. Chapitre 12 Washington Hôpital 13h54 Le directeur adjoint Walter Skinner profita de l'heure du déjeuner pour aller voir l'agent Dana Scully. Il avait été vraiment soulagé quand il avait appris qu'elle était sauvée, encore une fois. A la porte, un sourire sur les lèvres, il glissa un regard sur son corps, la gorge chaleureuse, la poitrine délicate, la taille mince, les hanches étroites, les cuisses veloutées, les jambes fuselées, les pieds finement modelés. Il se rappelait la première fois qu'il l'avait vue, dans son bureau, lorsqu'il avait été contraint par C.G.B.Spender d'attribuer une coéquipière à Fox Mulder. En tant qu'homme, il ne pouvait que se sentir attiré par cette femme, mais l'impression de confiance et de sérénité qu'elle dégageait l'empêcha de lui faire bêtement du plat comme tout homme poursuivit par ses hormones, et il ne put que l'admirer. Ensuite, ils avaient développé un lien d'amitié, d'affection peut-être, lui avait ressenti de l'amour. Il avait longtemps lutté contre ce sentiment, et puis Mulder était un concurrent redoutable, de toute manière, il n'essayait même pas de l'inviter à dîner ou autre rendez-vous galant, l'armure de glace avec laquelle elle se protégeait des atteintes extérieures ne s'étant fissurée que pour laisser entrer Mulder. Quelle situation équivoque, deux personnes si proches, et en même temps si distantes, lui aveuglé par son monde et sa quête, elle se réfugiant derrière ses barrières, ne laissant personne y pénétrer, de peur de ne plus rester maîtresse d¹elle-même, maîtrise qu¹elle avait déjà perdue, en s¹exprimant ses sentiments envers Mulder. Lui seul pouvait juger leur situation avec impartialité, et souvent, il avait envie de crier à Mulder "Mais merde, qu'est ce que vous attendez pour lui sauter dessus ?" seules ses obligations de responsable le retenait. Il se souvint de la fougue avec laquelle elle l'avait embrassé dans l'ascenseur il y avait environ 6 mois. La rougeur avait envahi son visage de telle sorte que lorsque les portes s'étaient ouvertes, il avait cru bon de faire preuve d'un peu d'autorité pour reprendre ses esprits. Il avait même vendu son âme au diable pour la sauver du cancer qui la rongeait, et aujourd'hui, la maîtresse de Lucifer avait frappé. Mais maintenant c'était différent, pour rester en vie, il devait faire attention, très attention, il regrettait le temps où la nanotechnologie n'existait pasŠ Scully avait entendu un bruit, des pas qui s'arrêtèrent devant la porte de sa chambre; elle se demandait qui pouvait bien venir la voir, peut-être Frohyke, poussé par le remordŠ Cette pensée la fit sourire. Puis une silhouette se découpa dans l'ombre de l'embrasure. Un corps vigoureux, musclé, un crâne nu et des lunettes à légère monture sombreŠ - Monsieur, il ne fallait pas vous déplacer ! - Bonjour agent Scully, je passais dans le coin alorsŠ - C'est gentil. Elle le regarda un instant. Elle était jalouse de son corps, jalouse que ce ne soit pas Mulder qui ait ce corps superbe. On ne pouvait nier que le directeur adjoint Walter Skinner ait une carrure d'Apollon : de larges épaules, rondes et tendues visibles même à travers sa veste, des biceps bien formés, des pectoraux si développés et durs que l'on pouvait sans peine croire que Skinner n'ait pas besoin de gilet pare-balles, des pectoraux si parfaits qu'on les croirait directement taillés dans du marbre, des pectoraux prétentieux ironisant ceux du David de Michel-Ange et un fessier, Oh mon Dieu, un fessier, que cela devait être une jouissance seulement à le parcourir du doigtŠ - Mulder n'est pas là ? Scully, par le seul rappel de son partenaire, évinça ces pensées grivoises, honteuse d'avoir trompé Fox. - Il est allé chez moi afin de me rapporter quelques affaires. Skinner pensa à Mulder qui allait sûrement palper les dessous de cette femme, poser ses mains sur ses soyeux soutiens-gorge, caresser ses culottes en satin, d'une douceur excitante; que n'aurait-il pas donné pour être à sa placeŠIl s'obligea à penser à autre chose. - Bien, que vous est-il arrivé exactement ? Il savait pertinemment la réponse à cette question, mais il ne voulait pas laisser Dana, et ne savait comment approfondir la discussion. - Je ne sais pas vraiment, Mulder et moi nous sommes rendus à un entrepôt et là, on m'a tiré dessus. Skinner ne put que l'admirer. Elle savait que c'était Fowley qui avait indiqué l'entrepôt, et malgré ce qui lui était arrivé, malgré l'attitude quasi intolérable que celle-ci utilisait avec Mulder, elle ne la dénonçait même pas. - Si je pouvais mettre la main sur celui qui vous a fait çaŠ - Soyez gentil, laissez-le moi, d'accords ?! Il lui sourit, baissa la tête puis se décida à partir, rester ne ferait que lui briser le c¦ur un peu plus profondément. - Je dois retourner au Bureau. Si vous avez besoin de quelque chose, n'hésitez pas. - Monsieur, merci d'être venu. Elle lui sourit une dernière fois puis ferma les yeux, à cause de la fatigue, et parce qu'elle ne voulait pas ne pas résister à l'envie de suivre des yeux le dos et surtout les fesses de son supérieur hiérarchiqueŠ Chapitre 13 Immeuble du Watergate Appartement 14h06 Diana venait d'entrer dans son appartement. Une sensation de malaise l'envahit, l'atmosphère habituellement familière et chaleureuse était soudain devenue lourde, coupable. Elle savait qu'elle vivait ses derniers instants, quand elle s'assit sur son fauteuil préféré, une odeur persistante, insidieuse, chatouilla ses narines, elle s'adapta à la sensation d'étouffement assimilée au tabac, de la même façon qu'elle s'adaptait à sa mort prochaine. Ce n'était qu'une question de minutes. Elle fit le vide dans sa tête, calma l'accélération de son c¦ur. Elle avait voulu jouer, elle avait perdu. Elle ferma les yeux, se demanda qui elle allait retrouvé là-haut ou plutôt là-dessousŠ Elle avait fait une apparition éclaire dans le théâtre de la vie, son rôle de figurante cessant en ce jour de novembre 1999. Ses tentatives pour percer les premiers rôles avaient échoué, elle laissait sa place à Mulder et Scully. Maintenant, elle espérait qu'ils réussiraient, maintenant qu'elle n'avait plus d'adversaires, plus d'alliés, plus d'alliancesŠ Ces derniers souhaits étaient sincères, mais elle ne les formulait pas dans le but d'entrer au paradis, seul l'enfer l'accueillerait à flammes ouvertesŠ - Diana ? J'avais cru vous avoir demandé de la tuer. - Ils sont trop forts. - Trop forts pour vous, tant pis, je pensais quand même que vous seriez un meilleur soldat. - Chacun commet des erreurs. - Moi je n'aime pas en commettre, cela me rend nerveux. Elle entendit le bruissement du métal froid de l'arme contre le tissu épais de son imperméable. Elle l'entendit armer le revolver. Elle l'entendit relever le cran de sécurité. Elle l'entendit avancer sur la moquette moelleuse de son appartement. Elle sentit le canon froid contre sa tempe. Elle embrassa d'un dernier regard la vue de cette petite rue de Washington qu'elle aimait dans la mesure où elle pouvait aimer quelque chose. Une déflagration. Une brûlure intense. Son cerveau éclata, puis plus rien, l'obscurité, le néant. L'homme regarda la dépouille de l'agent Diana Fowley. Il ne put s'empêcher de ressentir de la fierté. Son fils l'avait sauvée encore une fois. Aucun point commun avec feu son demi- frère. Il sortit un paquet de Morley de sa poche, coinça une cigarette entre ses dents. L'étincelle jaillit avec un bruit sec, il enflamma l'extrémité de sa cigarette. En fin de compte, cela l'avait amusé de jouer cette partie avec son fils. Ce dernier avait gagné, il avait remporté un sursis, pour lui, et pour elle. On verrait bien qui vaincra la prochaine manche, dommage, cette Fowley avait bien commencé. Et puis elle avait un sacrément bel appartement. Il sortit et claqua la porte. Chapitre 14 Georgetown Appartement 402 d¹un immeuble 14h11 Mulder se sentit comme un intrus dans le hall de l'immeuble où venait se réfugier Scully après de longues journées de travail. Le corridor n'avait rien à voir avec le couloir miteux et défraîchi de son propre immeuble. Lorsqu'il sortit son double de clefs et ouvrit la porte, il eut presque les larmes aux yeux. Tout était identique à la dernière fois qu'il était venu. Tout ordonné, soigné, dans un soucis de chaleur et d'accueil, tout contribuant à une impression agréable et hospitalière, tout en conservant des tons classiques et impersonnels, un concentré d' elle. Il parcourut rapidement la pièce du regard, la cheminée, la canapé en cuir beige, la table sur laquelle la diode rouge du répondeur clignotait. Il se dirigea directement vers sa chambre, il devait lui choisir quelques affaires pour son séjour à l'hôpital. Il ouvrit son armoire. Il sortit une petite mallette qu'il ouvrit sur le lit. Il retourna vers l'armoire et recommença son exploration dans un des lieux les plus intimes pour une femme : sa penderie, car un lieu des plus révélateurs sur son caractère et sa personnalité. Il ne put résister à l'envie d'inspecter d'abord le panier où parfaitement alignés, ses dessous attendaient d'être utilisés. Il regarda partout, cherchant un culotte particulièrement sexy ou du moins un peu affriolante, il n'y en avait aucune. Voilà sa Scully, préférant des culottes en satin, agréables au toucher, fluides, n'irritant pas la peau, simples, et pourtant excitantes, car désirablement et simplement sophistiquées sur le corps d'une femme. Il prit plusieurs ensembles qu'il arrangea dans la petite valise, puis se concentra sur les vêtements à proprement parler. Sur des cintres, ses ensembles stricts et professionnels, dans les compartiments ses quelques jeans, sweaters et hauts moins conventionnels. Il choisit deux jeans, un noir et un bleu et trois hauts : un pull en laine rose pâle, avec un décolleté en V, en s'asseyant à côté d'elle, il pourrait sûrement apercevoir un échantillon de sa peau laiteuse tranchant sur son soutien-gorge bleu marine ; une chemise blanche à manches longues et col chemisier ; un sweater particulièrement moulant. Il se demandait ce qu'elle allait porter en premierŠ Il ne fallait pas qu'il oublie une chemise de nuit, il ouvrit le tiroir d'une commode, et tomba dessus par hasard, une chemise en satin longue à mi-cuisse, pourpre, où il manquait malencontreusement les deux premiers boutons. Ne voyant aucun pyjama, il se dit que Dana avait du ranger celle-ci dans le meuble, afin de recoudre les boutons manquants ultérieurement. Tant pis, lui n'avait trouvé que celle-ci, il n'était pas chez lui, après tout ! Il glissa le parfum délicat à la vanille qu'il trouva sur la commode dans la mallette puis la referma. Il regagna ensuite son salon, s'assit sur une chaise devant la table de la salle à manger où elle avait laissé son ordinateur portable. Il vérifia que la prise était bien branchée à une ligne téléphonique, puis l'alluma. Pour la seconde fois en une trentaine de minutes, il pénétrait dans l'univers intime de sa coéquipière. Aucun fond d'écran particulier, aucune icône à part la poubelle et le poste de travail. Il consulta ses programmes et ses documents, le logiciel avec lequel elle rédigeait ses rapports, les nombreux fichiers des différentes affaires qu'ils avaient traitées, dont un qui retint son attention, il était intitulé " DSDi". Il ne ressentit aucune honte à l'ouvrir, pensant qu'il s'agissait d'une affaire qu'il avait oublié. Une page de liens apparut alors, des dates. Il cliqua sur la dernière accessible, et il comprit, DSDi, pour Dana Scully Diary. Scully écrivait un journal. Elle, si mature faisait une chose si futile. Il pouvait quand même se l'expliquer, peut-être écrivait-elle son état d'esprit quotidien afin de pouvoir se juger, s'analyser par la suite, tirant leçon de ses pensées pour continuer à avancer. Il la retrouvait, clairvoyante et rigoureuse. Et il lut, seul moyen d'entrer dans son monde dont les portes lui étaient habituellement fermées. " Il est 21h47, et je suis seule. Partageant avec mon ombre les reliefs accidentés de ma vie. Celui qui la tient dans le creux de sa main, l'a aujourd'hui assombrie. Il me tolère, mais seulement me remarque t'il ? Je pense, je ne sais. L'enfer devient-il insoutenable, ou seulement plus acceptable, je trouve encore la force, insidieuse, cruelle de me lever, de travailler, de me coucher. Pour dormir, elle me quitte, mes repos sont alors agités, légers et parsemés de larmes où je me noie sans qu'il vienne me sauver, seules ennemies indestructibles par lui, pour moi. Est-il seulement conscient de ma détresse ? J'en doute, mon orgueil trop bien entraîné à l'édification de murs infranchissables. Il est sûrement trop occupé à venir me secourir dans tous les abîmes où je me jette inconsciente, mais il sauve mon corps, mon esprit et mon c¦ur méritent-ils seulement de l'être ? Ou déjà trop tôt détruits, rongés par les affres d'une passion réprimée ? ELLE est le démon qui m'attire chaque jour plus loin dans le foyer de mes sentiments, chacune de ses paroles échauffant, brûlant, consumant peu à peu les ailes brisées d'une joie, seulement attisée par la possession de mon ange, incarnation sexuée de la perfection. Possession qu'ELLE noircit de sa présence maléfique. Mon angeŠ bénéfique, ou détracteur ? Dans chaque cas, je l'aime et le désir par amour, par haine, je ne sais plus, je n'ai de sensations que pour les trépidations de mon c¦ur déchu. " Il parcourut des yeux le passage une seconde fois, étonné, ahuri et désolé, une troisième fois, n'y croyant pas ses yeux, une quatrième fois, incrédule et malheureux, une dernière fois, ses larmes, coulant le long de ses joues, mouillant son col et roulant dans son cou. Dana Scully, consultante en médecine légale, ne pouvait avoir formulé ces mots, avoir tapé chaque lettre sur le clavier, comme si elle interprétait les différentes tonalité du glas annonçant la rémission de ses péchés. Il ne pouvait pas, ne voulait pas croire qu'elle fut si malheureuse à l'aimer. Bien sûr, il avait souvent rêvé qu'elle soit amoureuse de lui, mais malheureuse, jamais, il aurait préféré mourir plutôt que de lui voler un instant de bonheur. Quel stupide imbécile il faisait ! Comment ne s'était-il pas rendu compte de son mal- être ? Comment avait-il pu être si égoïste, ne songeant pas une seconde que chaque jour où il la repoussait, d'une manière ou d'une autre, la meurtrissait moralement ? Quel idiot, lui qui avait suivi des cours de psychologie, ne pouvait pas se rendre compte, ni même se douter une seconde qu'il faisait du mal à la personne à laquelle il tenait tant et qui lui était si proche ? Pourquoi ne lui avait-il pas tout avoué quand elle fut de retour après son enlèvement ? Pourquoi ne lui avait-il pas tout avoué après qu'elle fut guérie de son cancer ? Pourquoi ne lui avait-il pas tout avoué après la mort d'Emilie ? Tant de sommations à rajouter à sa condamnation. Il avait eu peur de gâcher une amitié et une relation tendre et affective au profit d'un amour incertain, mais il avait risqué bien plus, le seul espoir de bonheur qui restait à Dana. Le seul espoir de bonheur qui lui restait après tout ceux qui lui avait été enlevés par sa faute. Il fallait qu'il aille la voir, lui parler, la rassurer, la consoler, l'enlacer, la caresser, la sentir, l'aimer, enfin. Il récupéra la valise sur le sol, puis sortit de l'appartement. Une pensée captivait son esprit, son entêtante et obstinée scientifique dissimulait alors le reflet d'une littéraire ; il y avait tant de choses qui la concernait qu'il allait découvrir, tant de choses qu'elle allait lui révéler, tant de choses qu'ils allaient partager. Chapitre 15 Washington Hôpital 15h22 Mulder était passé chez un fleuriste avant d'aller voir Scully, il ne savait pourquoi, cela ne lui ressemblait pas, une impulsion subite. Scully dormait, sa tête renversée sur l'oreiller. Sa respiration régulière s'échappait d'entre ses lèvres à chaque petit soulèvement de sa poitrine. Il ne voulait pas la réveiller. Il la contempla, son c¦ur battant plus vite, irrationnellement. Il n'avait jamais fait de déclarations. Jamais, jamais, jamais. Diana l'avait embrassé, lui s'était laissé emporter. Phoebe s'était littéralement jetée sur lui, il avait suivi. Bien sûr, il avait aimé ces deux femmes, mais il n'avait jamais fait le premier pas. Lui, téméraire, courageux et intrépide avait peur des femmes. Peur de ce qu'elles lui inspiraient, peur de ce qu'elles provoquaient chez lui, peur de l'emprise qu'elles avaient sur lui. Mais il était persuadé que Dana ne ferait rien pour lui nuire, et il sentait qu'il devait se lancer maintenant, plus qu'une nécessité, un besoin vital. Entre les brumes de son sommeil, elle perçut une présence à ses côtés, la sensation d'un regard posé sur elle. Elle ouvrit les yeux, Mulder se tenait devant elle, superbe, si mâle et mystérieux, se découpant dans les rayons lumineux du soleil. Il tenait un bouquet, des roses, des rouges, antique symbole de l'amour et de la passion, elle délirait, encore. Mulder la vit se réveiller. Il s'approcha, lui prit la main. - Tu faisais de beaux rêves ? - Je ne me souviens plus. Elle lui fit un petit sourire d'excuse. - Je t'ai ramené quelques affaires. - Merci. Elle ouvrit la mallette, vit la chemise de nuit, les hauts, les jeans, les dessous. - Alors, heureux d'avoir fouillé dans ma penderie ? Lança t'elle sur le ton de la plaisanterie. - Tu ne peux peut pas savoir comme cela m'a déçu, aucun porte- jarretelles, aucune culotte en dentelleŠ - C'est que tu n'as pas fouillé au bon endroit ! Rétorqua t'elle avec un sourire coquin. Elle s'était réveillée de bonne humeur, tous les nuages de sont esprit s'étant momentanément dissipés. - Alors, qu'as tu raconté à Bill ? Mulder la regarda un instant, puis comprit. - Oups, j'ai oublié ! Elle pressa légèrement sa main, toujours dans la sienne. - Ce n'est rien. Mulder fixa le sol, inspira largement puis dit : - J'ai lu des bribes de ton journal. Elle le regarda dans les yeux, envahie par la tristesse et la honte; elle lâcha sa main. - Tu n'aurais pas dû. Elle posa ses yeux sur la fenêtre de la chambre, regardant sans les voir les arbres, nus, privés de feuilles, mais pas de vie, cette vie qu'ils cachaient juste pendant l'hiver sous leur écorce protectrice. Mulder s'avança, posa sa main sur son épaule. - Ecoute Dana, pourquoi ne t'es-tu pas confiée à moi ? Pourquoi ne m'as-tu pas dit ce que tu ressentais ? - Tu crois vraiment que c'était à moi de le faire ? Une larme roula sur sa joue, elle l'essuya furieusement avant de continuer : - Tu crois vraiment que c'était facile ? La main de Mulder quitta son épaule. Du doigt, il refit le parcours de la goutte d'eau qui avait glissée sur la joue de sa partenaire. - Je suis tellement désolé. Il s'approcha lentement mais obstinément, n'importe quelle catastrophe aurait pu survenir, un OVNI aurait pu atterrir au plein milieu de la chambre, il aurait été au bout de ce qu'il avait entrepris, IL VOULAIT embrasser l'agent Dana Scully. Elle s'était toujours dis que lorsqu'on échangeait un baiser, le fait de fermer les yeux était juste une question de pratique, comment pouvoir fixer sans loucher ni avoir mal à la tête un visage si proche ? Mais quand Mulder posa tendrement ses lèvres sur les siennes, elle sut que ce n'était pas la principale raison. Quand la langue de son partenaire lui insuffla un sentiment de bonheur et de bien être si intense, elle sut que c'était parce que l'on ne pouvait regarder en face la personnification de l'amour sans être ébloui, on ne pouvait que s'abandonner corps et âme à une fusion de c¦ur, l'immolation des paupières par les flammes de l'amour. Chapitre 16 Washington Hôpital 72h plus tard Mulder posa un regard tendre sur la femme qui l¹accompagnait. Elle avait mis le petit pull avec un col en V, bien décolleté pour son regard gourmand, c'est lui qui lui avait dis quel haut choisir. Ses yeux pesaient, lourds d¹amour et de crainte. Il restait une grave question à élucider, sacrifieraient t¹ils ou du moins pouvaient t¹ils seulement sacrifier l¹espoir d¹une vie " normale " , où leur amour pourrait pleinement évoluer dans une douce apathie lumineuse, au prix de la vérité et peut-être même de la survie de l¹humanité, les replongeant dans les méandres obscures de l¹incroyable ? Il ne savait à quelle décision ils parviendraient, mais en tout cas, il avait besoin de croire que le reste du chemin, ils l'accompliraient ensemble, et non pas seuls, sur l'unique voie de la vérité, il avait besoin de croire, IL VOULAIT CROIREŠ Alors Camille, heureuse ? ;)ŠŠŠŠŠ Non, pas tout à fait ? T'inquiète pas, je suis sûre qu' à la seconde où Skinner t'apercevrais, il tomberait raide dingue de toi !! Pardon pour les métaphores bizarres et les indications médicales sûrement inexactes ou impossibles. Je tiens à remercier les personnes qui m¹ont aidé à la création de cette modeste histoire, Camille, par son esprit critique, Maryse et Amélie, pour leurs fervents encouragements, Cindy, Aurélie et Marion pour leur lecture attentive, Maude pour sa sympathie et Lucy pour son petit coup de pouce dans mes débuts (et même mes suites ;))