Titre : Une journée presque comme les autres Auteur : valérie Email : valeriec@free.fr Spoiler : aucun Catégorie : Vignette Feedback please. Mulder s’éveilla en s’étirant dans son lit dévasté. Les rayons du soleil levant se reflétaient sur les stores vénitiens et caressaient doucement ses paupières encore gonflées de sommeil. Il sourit en regardant le quadrant de son réveil. Dix heures. Il avait dormi presque six heures. Pas si mal finalement. Il se leva en étirant ses muscles engourdis. L’intense partie de basket disputée hier avec ses jeunes camarades lui avait laissé des séquelles... douloureuses. Il était loin le temps où il pouvait courir et faire du sport sans pour cela se découvrir le corps ruiné le lendemain matin. En se regardant dans la glace de sa salle de bains, il s’observa quelques instants. Les rides de son front se faisaient plus profondes, il s’était découvert encore quelques cheveux blancs sur les tempes et son ventre n’était plus aussi plat qu’auparavant. Il soupira un bref instant, puis le sourire revint sur ses lèvres. Peu importe les dommages du temps. Elle serait là dans quelques heures. La douche brûlante relaxa son corps douloureux. Il resta un long moment sous le jet délicieusement chaud, se lava soigneusement les cheveux et le corps, puis sortit, dégoulinant, trempant le tapis de la salle de bains. Partout où il posait les yeux, il découvrait un objet qui la lui rappelait. Il se rasa avec un soin particulier car il savait qu’elle aimait tellement caresser ses joues imberbes, puis s’habilla de façon décontractée. Il avait pris sa journée pour son retour, l’université et ses étudiants brillants ne le verraient pas aujourd’hui. L’appartement était à peu près bien rangé, grâce à Minnie, qu’il employait depuis bientôt trois ans. Elle avait un don particulier pour éliminer tout désordre dans leur petit trois pièces. Elle avait particulièrement soignée la chambre pour son retour, remis en place ses objets familiers, changée ses draps. Mulder laissa son regard flâner dans la petite pièce et une fois encore un sourire radieux éclaira son visage. Il songea à sa présence, à la douceur et à la joie de son regard , à la façon qu’elle avait de se blottir contre son cou. Quinze jours... Quinze jours qu’il n’avait pas eu le plaisir de la serrer contre lui. Bien sûr il l’avait appelé. Souvent. Mais elle lui manquait tellement... Il s’affaira en voyant l’heure. Il fallait qu’il réapprovisionne le réfrigérateur. Quand elle n’était pas là, il avait tendance à reprendre ses habitudes de célibataire. Une pizza froide et des litres de thé glacé lui suffisaient amplement. Il était peu sorti pendant son absence, préférant la solitude à la compagnie de gens pourtant bien attentionnés qui voulaient l’aider à lui faire connaître d’autres horizons. Ca ne l’intéressait pas. Pas encore. C’était trop tôt... Il revint une heure et demi plus tard les bras chargés de sacs. Dans le couloir, il avait croisé sa voisine, une petite grand mère adorable qui lui avait remis un petit paquet emballé dans une feuille d’aluminium. - Vous lui donnerez, n’est-ce-pas ? Je sais qu’elle en raffole. Il l’avait chaleureusement remercié et l’avait laissé chanter ses louanges. Oui, elle était belle, et intelligente. Il savait tout cela. Mon dieu, il le savait. Deux heures. Dans deux heures elle serait là. Après avoir rangé les provisions, il ne put s’empêcher de se plonger dans les albums photos. Ils étaient nombreux. Depuis qu’il avait acquis un appareil perfectionné, il se livrait volontiers à une débauche de prises de vues. Elle adorait ça. Son regard se porta sur les derniers clichés, qu’il avait pris dans les Rocheuses l’hiver dernier. Elle rayonnait. Le froid lui avait donné des joues dignes des pommes les plus rouges. Elle posait, arborant fièrement son équipement de ski flambant neuf, un sourire dévoilant ses dents étincelantes. Il y avait aussi cette photo qu’il aimant particulièrement. Le directeur de l’hôtel les avait pris tous les deux, elle était blottie contre lui, délicieuse dans son pull bleu azur, son regard porté vers lui, et lui même qui la regardait avec admiration. Avec tendresse. Avec amour. Cette photo disait tout. Elle témoignait de leur complicité, de leur formidable relation. Elle était tout pour lui. Sans elle il n’aurait pas pu continuer. Sans elle, sans sa formidable énergie, sans son appétit de vivre, il aurait quitté la route. Elle lui avait démontré que la vie ne pouvait pas s’arrêter. Elle avait besoin de lui. Il avait été là. Il résista à l’envie d’appeler sur le portable. Elle ne devait plus être loin maintenant. Il vérifia une dernière fois que les poissons étaient toujours vivants, elle l’aurait maudit s’il en avait laissé mourir un seul... Et vérifia que la caisse du Matou était propre. Ce Matou. Ca avait été sa bataille. Il avait résisté, longuement. Puis avait cédé... Comme d’habitude. Il avait du mal à lui refuser quand elle le regardait avec ses yeux là... Ses prunelles étaient changeantes comme la mer. Quelquefois bleues, grises quand elle était triste, vertes avec des étincelles d’or chatoyantes. Il se perdait dans son regard, il s’immergeait totalement, inconditionnellement. Et dans ses moments là, son coeur fondait littéralement pour elle. Elle était sa vie. Il entendit l’ascenseur puis les bruits de pas dans le couloir. Il se leva en un instant, et se précipita à la porte. Avant même d’entendre la sonnette, il ouvrait la porte. - Daddy ! Elle sauta dans ses bras, l’enserrant de ses petits bras fins, mais de toute la force de ses sept ans. Il sentit ses baisers humides dans sa nuque, sur ses joues, et la serra contre son coeur. Elle sentait la pomme verte et l’herbe fraîchement coupée. Ses cheveux nattés avaient blondis sous le soleil. Elle portait un short qui lui faisait des jambes de faon. - Eh ma belle, laisse moi respirer un peu ! Et il faut que je dise bonjour à Grand mère. Il la déposa doucement sur le sol, mais sa petite main resta dans la sienne. Il s’avança vers Maggie, qui tentait de refouler les larmes qui lui venaient aux yeux systématiquement lorsque elle assistait à leurs retrouvailles. La gorge serrée par l’émotion, elle s’approcha de Fox et le serra contre elle. - Bonjour Maggie... Il sentit son émotion et la serra un peu plus fort contre lui. Il savait que ses moments étaient difficiles pour elle. Les quinze jours passés avec Sarah étaient pour elle une formidable thérapie et que la séparation qui allait suivre en serait d’autant plus douloureuse. Maggie Scully se reprit aussi vite que possible, pour ne pas laisser à l’intuitive petite fille le temps de voir son trouble. Ils s’installèrent sur le canapé et Mulder offrit des rafraîchissements aux voyageuses assoiffées. Le Matou avait déjà repris sa place sur les genoux de sa jeune maîtresse et ronronnait de plaisir sous ses caresses. Il ne pouvait pas quitter du regard son enfant. Sa fille. Elle avait encore grandi, ses membres fins étaient hâlés par le soleil de juillet. Son sourire irradiait lorsque elle posait les yeux sur lui. Ils étaient enfin réunis. Maggie les quitta quelques heures plus tard, le coeur serré mais elle savait que ses deux là avaient besoin de se retrouver seuls. Après les avoir étreint une dernière fois, elle ferma la porte derrière elle. Les paupières de Sarah s’alourdissaient et Mulder la porta doucement dans sa chambre. Elle venait de prendre son bain et elle se laissait aller à l’alanguissement de la fatigue de la journée. - Daddy ? - Ma chérie ? - Tu as rencontré quelqu’un pendant que je n’étais pas là ? - Non ma chérie. Je n’ai rencontré personne. - Tu remplaceras Maman un jour ? - Je ne sais pas mon coeur. Je ne sais pas. Mais ta maman ne pourra jamais être remplacée. La petite fille lui sourit et son regard se porta sur la photo qui s’étalait dans un large cadre près de son lit. Un portrait de Dana qu’il avait fait quelques mois avant qu’elle ne tombe malade. Elle était radieuse, dévorant sa toute petite fille des yeux, et dans son regard tout l’amour du monde se reflétait. Mulder avait toujours du mal à regarder cette photo. C’était encore si douloureux. Les quatre années qui s’étaient écoulées n’avaient pas diminuées la souffrance qu’il ressentait. Mais il refoula les larmes qui lui venaient aux yeux. Il devait être fort. Pour Sarah.