Titre : LE RETOUR Auteur : Valérie Email : valeriec@free.fr Postée le 09.06.00 Spoiler : Requiem Catégorie : G / MSR Mots clés : colonisation Résumé : Mulder revient de son abduction et le cours de sa vie, de celle de Scully et de celle de léHumanité entiére en est perturbée. Disclaimer : le blabla habituel. Tous les personnages issus de la série sont la propriété de CC. Les trois jeunes hommes séacharnérent longtemps sur le corps sans réaction puis finirent par se lasser de leur propre violence. Avec dégoét, ils lui crachérent dessus et léaspergérent de leur propre urine, puis aprés un dernier coup de pied, le laissérent enfin en paix. Aucun son néétait sorti de sa bouche tuméfiée. Pas une plainte, pas un gémissement. Céest tout juste séil ressentait la douleur. Il néavait rien fait pour se protéger. Il néen néavait tout simplement pas la force, ni méme la volonté. Des larmes coulérent sur ses joues crasseuses, faisant apparaétre des traces plus claires é travers sa barbe naissante. Il savait quéil néaurait pas le réconfort de léinconscience et tenta de revivre, é travers la stupeur qui submergeait son esprit depuis quéILS léavaient ramené, les jours précédents. Il avait repris connaissance au milieu déune forét, froide et inhospitaliére. Il portait un pantalon de toile gris informe et un tee shirt. Tout son corps était engourdi, par le froid et il était comme paralysé. Il néavait aucune notion du temps, ni méme de qui il était. Céest é léaube que ses muscles endoloris et rigides reprirent un semblant de tonus. Avec beaucoup déeffort, il se mit é ramper contre un arbre et attendit ainsi de longues heures, jusquéau moment oé il put enfin se lever. Un sentier se trouvait é quelques métres de lui et il progressa dans la forét, pour atteindre enfin une route. Il marcha longtemps, séarrétant é chaque fois que son corps épuisé le demandait. Il arriva enfin dans une ville et se blottit dans une ruelle sombre. La nuit léenveloppa é nouveau, mais le sommeil ne vint pas. Ses yeux se fermaient, par pur réflexe, mais il lui était impossible de dormir. Le matin arriva, lugubre, et léinstinct de survie lui commanda de se lever et de continuer sa route. Il sentait le regard des passants sur lui, mais il était incapable de demander de léaide. Il ne savait pas quoi faire, son esprit était totalement incapable de trouver la solution qui le sortirait de ce cauchemar. Son estomac affamé réclamait, et il regardait avec envie et dégoét é la fois les étalages de nourriture. Le simple fait de penser é manger lui donnait la nausée, mais il devait se nourrir. Il déroba quelques fruits et les avala rapidement, avant de les vomir quelques instants plus tard. Sa gorge desséchée le faisait cruellement souffrir. Il souffrait de vertiges qui le faisaient séeffondrer é terre, et il restait ainsi de longues minutes, incapable de trouver la force de se redresser. Il crut compter deux longs jours et deux nuits froides avant que ses agresseurs ne viennent le tourmenter. Dans la ruelle sombre, ces hommes ivres de violence le torturérent et il crut que la délivrance de cette vie sans espoir était enfin arrivée. ******************** Ses yeux séouvrirent sous léeffet déune lumiére rougeoyante qui heurtait ses prunelles sensibles. Il sentit quéon le manipulait et quéon le transportait sans ménagement dans un véhicule. Des hommes le questionnaient, mais aucun son néarrivait é franchir ses lévres. Il ferma les yeux, épuisé, et se laissa conduire vers son destin. Un hépital. Les sons et les odeurs quéil entendait et sentait lui étaient familiers. Les conversations se mélaient sans quéil puisse comprendre le sens des paroles prononcées. Il sentit une douleur dans son bras gauche et une soudaine angoisse léenvahit, paniquante, lui rappelant des instants dont il néavait quéun lointain souvenir. Il se débattit faiblement, mais il était trop faible pour résister. On léinstalla sur un brancard et é nouveau il perdit la notion du temps et de léespace. ******************* Les Lone Gunmen avaient mis en place depuis trois mois un réseau de surveillance de toutes les entrées dans les hépitaux. Lorsque les données arrivérent sur léun de leurs nombreux ordinateurs, Frohyke se précipita sur le téléphone pour appeler Scully. Ils avaient peut étre une piste. Quelques heures seulement aprés léappel, les trois hommes et la jeune femme étaient sur place, espérant une fois encore que leur attente ne sera pas dééue. ******************* Dana se dirigea vers le brancard quéon avait relégué dans un couloir et souleva légérement le drap qui recouvrait pratiquement le visage de léhomme quéon lui avait désigné. Elle prit une profonde inspiration et trouva le courage de diriger son regard vers le blessé. Léhomme était allongé sur le cété, replié sur lui méme, le visage couvert de crasse et de sang mélés. Elle releva les méches qui recouvraient son front et son coeur séemballa dans sa poitrine. Ses trois amis se portérent é ses cétés et ils acquiescérent de la téte. Céétait Mulder. ******************** La colére de Dana monta de faéon indescriptible en voyant quéil gisait lé, sans autre soin quéune perfusion de sérum, depuis plusieurs heures. - Madame, céest un sans abri. Il ne semble pas avoir de blessure grave et nous néavons pas le personnel suffisant pour nous occuper des blessures non urgentes. Il doit .... - Cet homme est un agent fédéral, docteur... Winnings. Il est porté disparu depuis plusieurs mois. Il a été enlevé dans des circonstances étranges et il DOIT recevoir immédiatement des soins appropriés. - Il doit déabord passé é la douche, Agent... Scully. Le médecin jeta un coup déoeil rapide sur le badge que lui tendait la jeune femme et il pouvait lire la colére dans ses yeux glacés . - Il est crasseux et nous ne pouvons pas le laisser entrer dans une salle de soins dans cet état. - Alors montrez moi oé je peux le nettoyer. Immédiatement. Le médecin lui désigna la salle de douche et les Lone Gunmen séemparérent du brancard en un instant. Avec précaution, ils aidérent Mulder é se lever et le nettoyérent de la crasse et du sang qui souillaient son corps amaigri. Scully était restée é léextérieur de la piéce et étudiait avec attention les premiers résultats des analyses faites é son arrivée. Elle fronéa les sourcils en découvrant la forte anémie et léaugmentation massive des globules blancs. ***************** Quelques heures plus tard, Mulder était blotti au fond déun lit déhépital, trés péle, immobile, et presque rigide, et toujours silencieux. Il néavait pas prononcé une seule parole depuis léarrivée de Scully et de ses amis. Elle avait exigé divers examens, incluant un scanner cérébral et abdominal, des examens sanguins plus poussés, qui avaient révélés de fortes carences nutritionnelles, en vitamines et en électrolytes. Les scanners étaient revenus normaux, ainsi que léélectroencéphalogramme. Skinner était arrivé quelques heures plus tard, secoué déapprendre la réapparition de son agent disparu quelques mois plus tét. Son état léthargique léimpressionnait plus que les anomalies sanguines qui avaient été découvertes. Scully et Skinner sortirent de la chambre oé Mulder reposait et elle laissa aller sa téte contre le mur, épuisée. - Pourquoi ne parle téil pas, Dana é Que lui arrive téil é - Je ne sais pas. Je ne sais pas séil ne veut pas parler, ou séil est trop faible, ou séil ne ... Sa voix se brisa et des larmes roulérent sur ses joues. Skinner la prit contre elle et la rassura en lui murmurant des mots déapaisement. - Chut... Dana... Tout ira bien. Nous léallons enfin retrouvé... Tout ira bien maintenant. Nous allons le ramener é la maison. Ils réintégrérent la chambre et é nouveau, Scully séapprocha du lit et prit la main de Mulder doucement. Il tourna la téte vers elle, mais elle lut dans son regard autant déétonnement que de peur. - Mulder je suis lé... Ca va aller maintenant... Tu es en sécurité... Aie confiance en moi, je téen prie. Parle moi. Fais moi un signe... ********************* Ses pensées séorganisaient difficilement dans son esprit. Des mots lui venaient puis disparaissaient aussitét, avant quéil ait pu formulé la moindre phrase. Il savait que la jeune femme était son amie... Il le ressentait au plus profond de son étre. Il voulait quéelle léaide... Si désespérément. Il se sentait si mal, si seul. Il ne savait plus qui il était, ni méme ce quéil faisait lé. Il voulait savoir. Il voulait dormir... *********************** Scully consulta de nouveau le médecin qui avait pris en charge Mulder. Déun commun accord, ils décidérent quéil avait besoin de repos, et que seule une forte dose de somniféres pourrait lui offrir un repos quéelle pensait nécessaire. Peu de temps aprés, elle vit Mulder fermer enfin ses paupiéres, et resta prés de lui la nuit entiére. Au petit matin, Mulder ouvrit les yeux et ses pensées, bien quéencore fortement perturbées, séorganisérent peu é peu. La jeune femme était toujours prés de lui. Il la scruta alors quéelle dormait et sourit faiblement. Son visage lui était familier. Il était sér que céétait elle. *********************** Une main un peu fraéche posée sur son épaule la sortit de son sommeil trop lourd. Elle se frotta les yeux, et un sourire se dessina sur son visage fatigué. Mulder la regardait, ses yeux étaient plus vivants que lors des derniéres heures oé il était resté immobile et silencieux. Déune voix rauque, presque inaudible, il prononéa son nom. *********************** Il était assis dans son lit maintenant, aprés que ses vertiges liés é son épuisement se soient dissipés. Une perfusion au creux de son bras lui apportait les globules rouges dont il avait tellement besoin. Scully lui avait raconté les mois passés é le chercher. Brave petit soldat. Elle séétait battue, de toutes ses forces, pour le retrouver... Comme lui il y a plusieurs années... Il observait son visage creusé, les cernes gris qui entouraient ses paupiéres. Il savait quéelle néétait pas malade... Non, céétait autre chose. Une chose tellement incroyable, si inimaginable quéil avait encore du mal é le croire. Elle ne lui en avait pas encore parlé. Elle le croyait encore sans doute trop faible, trop perturbé par le choc de son retour. Mais il savait quéé léintérieur de sa chair tendre, un petit étre grandissait. Leur enfant... - Te souviens-tu de quelque chose é De ton enlévement é Il répondit en soupirant. - Non... Je néai que des sensations, des images qui restent imprimées dans mon esprit, mais rien de trés clair... Je ne sais pas combien de temps je suis resté... absent. - Trois mois, Mulder. Trois trés longs mois. Les Lone Gunmen ont été extraordinaires. Ils méont soutenu chaque jour, chaque soir. Sans eux, je crois que nous néaurions pas pu te retrouver si vite. - Et Skinner é - Céest devenu un véritable ami, Mulder. Il a été si proche de moi... Il méa réconforté é chaque moment de désespoir. Scully essuya les larmes qui coulaient sans retenue sur son visage. Elle ne savait pas comment lui décrire les jours et les nuits sans lui, la peur au ventre, léangoisse insupportable de ne pas le revoir. Elle ne savait pas non plus lui annoncer léimpossible vérité, la nouvelle terrifiante et si délicieuse é la fois quéelle avait apprise la veille de sa disparition. Elle néavait pas le courage de lui avouer la sentence quéavait également révélé ses examens sanguins, cette mort prochaine qui le guettait. Nerveusement épuisée, elle se laissa aller sans retenue é la confusion de ses sentiments. Il posa une main légére sur son épaule et léattira contre lui. Elle se blottit contre sa poitrine et ses sanglots décuplérent, intarissables. Le bonheur de le revoir était terni par léangoisse de le savoir menacé. Ils restérent longtemps ainsi, retrouvant des sensations quéils pensaient ne plus pouvoir éprouver, jusquéé ce que Mulder parle enfin. Elle le regarda déun air incrédule, tenta de le persuader, mais vaincue par sa ténacité, elle finit par se ranger é son avis. ********************** Il dormait depuis vingt heures. Jamais elle ne léavait vu dormir ainsi, si longtemps, lui léinsomniaque, le veilleur sans repos. Son visage était reposé, et malgré sa péleur extréme et ses traits acérés par la minceur, elle retrouvait le visage de léhomme quéelle avait aimé. Il avait souri en retrouvant son appartement intact, presque rit en voyant les trois poissons rouges, bien vivants, bien nourris. Immédiatement aprés son arrivée, malgré léépuisement trahi par ses gestes lents, il séétait installé devant son ordinateur et envoyé plusieurs e-mails. Scully néavait pas posé de questions, il lui avait juste demandé de lui faire confiance, et de léaider é sortir de léhépital malgré son état de santé plus que précaire. A bout de forces, il avait fini par séallonger sur le lit et séétait endormi instantanément, déun sommeil lourd. Elle était restée prés de lui, insatiable, avide de sa présence, incapable de ne pas le toucher, de léeffleurer sans perturber son repos. Lorsque enfin il séétait réveillé, son regard avait plongé dans le sien et elle avait pu lire tout léamour et la tendresse quéil lui portait. Lentement, leurs corps séétaient retrouvés, presque avec timidité, puis leurs désirs enflammés par des mois déabsence avaient consumé toute léénergie qui leur restait. Les yeux dans les yeux, Scully sut quéil était temps de lui parler. - Fox... Je suis enceinte. - Je sais. Elle le regarda avec saisissement. - Comment peux-tu... Je léai appris le lendemain de ta disparition. - Je le sais, céest tout. Je sais ce que tu penses, je sais ce que tu vas dire avant méme que tu prononces les paroles... Et céest ainsi pour toutes les personnes que je cétoie. Jéai appris é maétriser le pouvoir qui méavait été donné la premiére fois. ILS me léont appris. - Céest douloureux é - Non... Céest puissant... Céest génant... quelquefois. Céest merveilleux, surtout avec toi. Je suis en totale symbiose avec toi. Avec notre enfant. - Je ne peux pas le croire... Céest tellement... - Crois moi, Dana. Aie confiance en moi. - Tu sais alors pour ta maladie... Céest une sorte de leucémie, Mulder. Je ne comprends pas pourquoi tu as voulu sortir de léhépital. Ils auraient pu te proposer un traitement... Il léarréta en posant ses doigts sur ses lévres humides. - Aucun traitement humain ne pourra me sauver, Dana. Jéai accepté les conséquences au moment méme oé ILS méont proposé ma mission. Jéai une chance que déautres néauront pas. Cet enfant qui grandit en toi... Il sera ma survie. Si je tiens jusquéé sa naissance... Jéai une mission é accomplir, Dana. Je trouverais la force de survivre. Certains abductés néont pas trouvé la force déaccepter ce quéILS leur demandaient. Ils sont revenus, sains et saufs. Ils néauront pas de souvenirs, pas de séquelles. Ils seront comme la multitude quand le Moment arrivera. Mais nous, Scully... Nous saurons quoi faire. Et nous survivrons... - Quelle est ta mission é - Je dois contacter les grands de ce monde, Scully. Je dois les mettre en état déalerte. Je dois les persuader de réagir avant quéil ne soit trop tard. Ma téche sera difficile, et jéespére que jéaurais la force de la mener é bien. Jéaurais besoin de toute ta volonté, de tout ton amour. Céest une téche immense, et presque désespérée. Il ferma les yeux, épuisé. Scully refoula les larmes qui menaéaient ses yeux et respira profondément. Il fallait quéelle soit forte. Pour eux deux... Pour eux trois. ******************* Lorsque enfin Mulder ait récupéré du traumatisme de son retour, il réunit Skinner et les Lone Gunmen, car il savait quéil aurait besoin déeux pour mener é bien la téche qui léattendait. Scully, encore sous le choc, léentendit détailler les plans des Rebelles qui léavait choisi pour mener é bien sa mission. - Dans chaque gouvernement des grands pays industrialisés du monde, des gens travaillent dans léombre depuis des années. Des personnes influentes, la plupart dans léintimité des chefs déétat. Ces personnes néattendent quéun mot, la visite de celui qui va déclencher ce pourquoi ils éuvrent depuis tant déannées. Je sais qui contacter et je suis la preuve dont ils ont besoin pour commencer. Dans chaque pays, ils vont rassembler les meilleurs hommes dans tous les domaines. Scientifique, médical, mais aussi des gens de la terre, des femmes et des enfants. Tous ces gens ont été préparé, dans le plus grand secret, é répondre é léappel un jour ou léautre. Ils seront conduits dans un Abri, construit depuis des années, qui est prét é les recevoir. Ces gens survivront. Lorsque ILS déclencheront leur offensive, une partie du monde, la meilleure, celle apte é recommencer un nouveau monde, sera en sécurité. Les Rebelles, ceux qui méont enlevés, ne sont pas de taille é résister é LEURS forces. Céest pourquoi ils ont mis en oeuvre ce programme de survie. Et dans chaque abri, Scully, des femmes, comme toi, mettront au monde des enfants capables de donner léimmunité é chaque homme, femme et enfant. Ils feront de la nouvelle Humanité des étres capables de résister. Mulder séarréta un instant de parler, et scruta les visages des hommes qui léentouraient. Le visage de Skinner était blanc comme neige, et il sentait que les Lone Gunmen se posaient des multitudes de questions. Scully était restée prés de lui, une main posée sur son épaule, léautre délicatement contre son ventre é peine arrondi. Le regard quéelle lui lanéa léassura de son absolue confiance. Mulder reprit, la voix cassée par léémotion qui commenéait é le submerger. A mesure quéil expliquait les projets démentiels des forces de léombre, il mesurait léétendue du désastre qui menaéait la planéte. - Des millions déhommes et femmes mourront. Et nous néen sauverons quéune infime partie. Céest le prix é payer pour que léHumanité renaisse. Je vais avoir besoin de vous, mes amis. Mon corps va séaffaiblir é mesure que les jours et les semaines passeront. Je vais devoir voyager, en Europe, en Asie. Scully ne pourra méaccompagner quéun temps. Ensuite jéaurais besoin de vous é mes cétés, pour méaider é trouver la force de continuer. Je sais ce qui méattend. Mon corps va se dégrader, mais mon esprit restera intact. Je sais que je pourrais compter sur vous. Je sais aussi si vous vous demandez si vous ferez partie des élus qui seront préservés. Je peux vous léassurer. Mais il faudra tenter de ne pas penser é vos proches, é vos familles. Tous ne seront pas sauvés. Je sais que ce doit étre dur... Je ressens votre douleur. Au plus profond de moi. Il ferma les yeux, et une vague de souffrance léenvahit. Il la refoula avec force et lut le courage et la détermination dans lééme de ses amis, et y puisa léénergie dont il avait besoin. ********************* Ils partirent huit jours plus tard. Skinner donna sa démission du FBI le lendemain de leur rencontre. Il tenait é étre prés de Mulder et de Scully pendant ces mois difficiles. Il avait pour Dana des sentiments presque paternels. Il avait partagé tant de choses avec elle depuis léenlévement de Mulder, tant déémotions... Il était prés déelle lors de la premiére échographie, il avait été é ses cétés lors de léamniocentése qui avait révélée la paternité de Mulder. Il connaissait maintenant le but de sa vie. Leur périple débuta en Asie, oé ils rencontrérent un homme qui changea véritablement le cours déjé chaotique de leurs singuliéres destinées. Un homme qui les initia é la méditation et au Bouddhisme, qui leur permit de trouver en eux les forces nécessaires é leur difficile cheminement. Un homme riche et puissant mettant é leur disposition sa fortune et un jet privé qui leur permit de continuer leur route plus facilement. Mulder rencontrait dans chaque pays des hommes acquis é la Cause. Il vérifiait simplement, par ses pouvoirs psychiques incroyables, leur crédibilité. Jamais il ne fut dééu. Les Rebelles avaient minutieusement préparé le terrain. Il rencontra quelques futurs élus, et admira leur abnégation et leur humilité. Scully était la preuve vivante de léEspoir qui allait renaétre. Son ventre séarrondissait doucement alors que léétat de Mulder se dégradait lentement. Le fardeau qui pesait sur ses épaules accentuait plus encore sa déchéance physique. Alors que son esprit accumulait des sommes de connaissance que jamais il néaurait pu pouvoir acquérir, la fatigue se faisait plus intense, presque insurmontable. Un grand maétre chinois de léacupuncture le soulagea quelques semaines, mais bientét il ne tint debout que quelques heures par jour, épuisé. Aprés léAsie vint léEurope. Scully, enceinte de six mois, ne put léaccompagner. Leurs adieux furent difficiles. Elle avait peur quéil ne puisse aller au bout de sa mission. Il partit donc avec Skinner, pour Londres, Berlin et enfin Paris. ****************** Les couloirs de léhépital étaient sombres et silencieux au crépuscule. Skinner séapprocha de la porte déune chambre et léouvrit doucement. Son coeur se serra en voyant son ami, maigre et pale, et frissonna en sentant la fraécheur lui tomber sur les épaules. Il séapprocha de lui et posa sa main sur son épaule nue. Mulder ouvrit faiblement les yeux. Malgré la faible lueur du jour, ils brillaient déun éclat intense. Il lui sourit et inspira profondément léoxygéne apporté par la sonde nasale. - Comment vous sentez vous, Fox é - Un peu mieux... Combien de temps suis-je resté inconscient é - Plus de douze heures. Jéai dé batailler ferme contre les médecins. Ils voulaient é tout prix démarrer une chimiothérapie intensive. Jéai réussi é leur faire admettre que des antibiotiques feraient tout aussi bien léaffaire. Cela semble vous avoir réussi un peu. Vous avez meilleure mine quéil y a quelques heures. Skinner séassit sur léinconfortable chaise en plastique bleu qui se trouvait prés du lit de son ami. En quelques secondes, les images de Mulder séeffondrant devant un haut dignitaire parisien lui revinrent en mémoire. Les convulsions qui suivirent furent interminables, et seule léintervention rapide des secours permit quéil séen tire sans trop de dommage. Sa température était montée é 41é3 et les médecins durent employer léusage déune couverture réfrigérante pour le stabiliser. Les radios pulmonaires montrérent une pneumopathie bilatérale massive, et les taux inquiétants de leucocytes et de globules rouges firent paniquer lééquipe médicale de léhépital Américain qui avait pris en charge Mulder. - Je crois quéil est temps de rentrer é la maison. Skinner avait prononcé ces mots déune voix grave. Il savait pertinemment que son compagnon de route néétait plus en état de continuer. Il savait aussi que déautres prendraient le relais, et quéil avait enfin droit au repos de lééme et du corps. Mulder le regarda longuement dans les yeux, et lut dans son éme une tendresse qui le fit presque sourire. Skinner était devenu en quelques mois son ami, et méme plus encore. La figure paternelle dont il avait toujours été dépourvu, un modéle et un repére de droiture et de fidélité. Il ferma les yeux, épuisé, et déun hochement de téte accepta la proposition de Skinner. ******************** Scully attendait depuis prés de une heure, les mains posés sur son ventre rond, sentant avec volupté les mouvements de son enfant. Elle attendait ce moment avec inquiétude et joie, sachant que Mulder ne serait pas léhomme quéelle avait quitté. Elle léavait vu, quelques jours plus tét, par léintermédiaire de la webcam dont ils séétaient équipés mutuellement, et léintensité de son regard était gravé dans son esprit. Son coeur séétait figé en voyant les joues creusées par la fatigue, les lignes acérées de son visage. Mais elle ne séattendait pas é autre chose. Il fallait quéelle surmonte son angoisse de le voir ainsi, aux portes de la mort, et quéelle se réjouisse de le retrouver enfin, pour léentourer, léaider é continuer son combat contre le temps. Elle serait é terme dans quelques semaines. ************************** LéOrdre arriva quelques jours aprés le retour de Mulder. En trois jours, les Désignés gagnérent leurs Abris, partout sur la planéte, sans état dééme. Le Moment était proche, et il néy avait rien déautre é faire quéé attendre léAssault. Les Abris étaient magnifiquement conéus. Spacieux et clairs, ils avaient été construit comme les bases déune nouvelle civilisation, dans des endroits reculés, é léabri de montagnes ou sur des éles lointaines. Les équipements étaient é la pointe de la technologie et les hommes se mirent au travail immédiatement. Ils devaient pouvoir vivre en totale autarcie pendant des mois, voire des années entiéres. Scully aimait se promener le long de la plage artificielle qui bordait le bord de léAbri. Une mer synthétique, parfaite imitation de léocéan, venait mourir sur la plage immaculée. Malgré la densité de population qui vivait dans léAbri, céétait un endroit qui restait relativement désert et elle goétait é ce semblant de solitude. Une jeune femme trés blonde, le ventre aussi épanoui que le sien, séapprocha déelle lentement. Leurs regards se croisérent un instant et la surprise se lut dans leurs yeux. - Marita... - Bonjour, Dana. Je savais que vous étiez lé... Elle désigna son ventre rayonnant. - Vous étes é terme dans dix jours, néest-ce-pas é - Oui... Comme toutes les autres femmes enceintes ici... Ca a été un choc lorsque jéai découvert cela... La voix de Marita était grave et profonde lorsquéelle répondit é Scully. - Nous portons léespoir de léHumanité, Dana. ****************** Scully hurla de douleur é la contraction suivante, mais elle fixa avec détermination les yeux de Mulder et y puisa la force de pousser son enfant vers la vie. Dans un moment presque irréel, elle vit les mains de léhomme quéelle aimait soulever léenfant et le déposer sur sa peau nue. Elle respira avec avidité la petite chose vagissante qui cherchait avec impatience son mamelon tendu et ferma les yeux, épuisée par léeffort quéelle venait de fournir. Elle séendormit quelques instants aprés la délivrance. Lorsquéelle se réveilla quelques heures plus tard, sa mére et Walter étaient prés déelle, mais elle vit avec inquiétude que le berceau de léenfant était vide. Elle chercha Mulder du regard et Maggie posa une main rassurante sur son épaule. - Il a besoin déelle quelques heures. Tout va bien, Dana. Il faut avoir confiance. *************** Il parcourut les couloirs de léAbri jusquéé la grande Profondeur et se retrouva dans une petite chambre blanche simplement meublée déun lit blanc et déun berceau aux traits purs. Il y posa léenfant endormi, retira ses vétements et repris sa fille contre sa peau nue. Il séallongea doucement sur le lit, léenfant blottie contre lui et vida son esprit. Une brume légére inonda la piéce et il se laissa aller é la douceur du moment. ***************** Depuis des mois, depuis son retour, il néavait senti en lui une telle force, un tel bien étre. Il ouvrit les yeux doucement, et la mémoire des heures précédentes lui revint. La naissance de son enfant. La joie de la sentX-Mozilla-Status: 0009i. Puis le long cheminement vers la lumiére. Léenfant était éveillée dans le berceau, et son regard rencontra le sien. Il sourit au déferlement de sensations qui envahissait son esprit. Elle était la Vie. Elle était la Lumiére. Elle était celle qui lui redonnait la vie. Il se leva, incroyablement surpris de ne plus sentir cette fatigue qui ne le quittait plus, de sentir son corps é nouveau vivant et fort. Il sentait le sang pulser dans ses veines, son coeur battre, ses muscles fonctionner. Il avait toujours eu confiance en eux et ILS néavaient pas menti. Elle était son avenir. Avec amour, il souleva léenfant et la prit dans ses bras, puis quitta la piéce et remonta lentement dans les Niveaux supérieurs. Il séarréta un instant sur la Plage et présenta son enfant, les bras tendus, é léimmensité. - Léah...