Titre : Disparu Auteur : Valérie e-mail : valeriec2@wanadoo.fr Catégorie : Post épisode, Mulder Torture, MSR. Spoilers : Requiem, All Thing, En Ami. PG 13. Disclaimer : Les personnages crées par Chris Carter n’appartiennent qu’à lui seul, et à la Fox et à leurs merveilleux interprètes, David et Gillian. Je ne ferais aucun kopeck avec cette histoire, promis. Feedbacks : appréciés, indispensables... Je n’avais pas le choix. J’ai su, dès que j’ai vu apparaître ces hommes et ces femmes, que j’allais partager leur destin. Le cercle de lumière m’a attiré comme un aimant puissant, et je les ai rejoint, et j’ai compris qu’eux non plus n’avaient pas le choix. Nous levons tous les yeux au ciel pour apercevoir le vaisseau spatial. Bon Dieu, c’est immense. J’espère que Skinner le voit. Qu’il y croit enfin. Une lumière aveuglante, puis plus rien. Je reprends lentement conscience, le corps lourd et l’esprit embrumé. Mes paupières s’ouvrent et se ferment aussitôt sous l’agressive lumière. Peu à peu mes yeux s’adaptent à la clarté intense qui illumine la pièce. Je suis seul, allongé sur une surface dure et froide. Les murs sont vides, pas de fenêtre, pas de porte. J’essaye de bouger mais bien que rien n’entrave mes mouvements, mes membres ne m’obéissent pas. Je tente même de parler, mais ma bouche est sèche comme si j’avais passé plusieurs jours dans le désert. Je sens soudain une présence derrière moi. La créature s’approche et mon coeur s’emballe en la voyant. C’est un gris. Petit et fin, ses grands yeux noirs me fixent. Ses lèvres fines ne bougent pas mais pourtant j’entends ce qu’il me dit. - Humain, je m’appelle Elean. Je serais celui qui restera près de toi pendant ton séjour ici. Tu dois coopérer si tu veux survivre. Respecte mes ordres et tu ne seras pas puni. Il disparaît aussi vite qu’il est apparu. Mon esprit résonne encore de ses paroles. Je n’ai pas eu la force de lui répondre tant la pression de ses pensées était forte. L’impression de vide dans ma tête est douloureuse. Je porte instinctivement ma main à mes tempes et j’ai l’agréable surprise de voir mes muscles réagirent enfin. Je me lève doucement, surmontant la nausée qui me monte aux lèvres et la sensation de vertige. Je m’assois doucement sur le rebord de la table. Ma chambre (?) est une pièce d’environ 20 m2, entièrement blanche. Je découvre dans un coin de la pièce une sorte de cabinet de toilette, qui contient une douche et un wc. Je m’aperçois pour la première fois depuis que j’ai repris connaissance que je suis entièrement nu et je frissonne en pensant à ceux qui m’ont déshabillé. J’ai la désagréable impression d’avoir manqué quelque chose. Je découvre dans le petit meuble près du cabinet de toilette des affaires propres, blanches également. Une paire de boxers et un tee shirt que j’enfile immédiatement, savourant la sensation d’être à nouveau habillé. Le sol est tiède sous mes pieds nus et je sens une infime vibration le parcourir. Le meuble est également fourni en affaires de toilette, savon, shampooing, serviettes. Pas de rasoir mais un petit instrument qui semble avoir la même utilité. Le long d’un des murs existe un lit, seulement recouvert d’une fine couverture, blanche bien sûr, comme le reste du mobilier. Je m’y allonge, essayant de rationaliser un peu l’incroyable situation où je me suis plongé. *************** Mon gardien n’est réapparu que pour m’apporter un plateau et m’a ordonné de manger. J’ai regardé avec dégoût le contenu de l’assiette mais une vague de douleur intense m’a submergé soudainement. Je crois comprendre qu’il vaut mieux pour moi que j’avale cette nourriture insipide. Elean m’a regardé faire, puis a repris le plateau aussitôt que j’ai eu fini, m’ordonnant de me laver puis de me coucher. J’ai tenté de poser quelques questions, mais il n’a pas apprécié ma curiosité. Je me suis retrouvé aussitôt sur le sol, gémissant, la tête dans un étau. Ok, pas de questions. La nourriture doit être droguée, car aussitôt dans le lit, mes yeux se sont fermés et je me suis endormi. ************** Je crois que j’aurais préféré ne pas me réveiller. Je suis nu à nouveau, et plusieurs créatures m’entourent et me regardent de leurs yeux froids. Je suis à nouveau paralysé mais mes yeux sont grands ouverts, et je découvre avec horreur mon nouvel environnement. C’est une pièce aux reflets bleutés, dont les murs sont recouverts d’écrans et de claviers. Sur les murs, des images défilent, horrifiantes. Des humains. Mes compagnons d’infortune, allongés, nus comme moi, dans des salles identiques, entourés de créatures qui les soumettent à des tests. Je vois leurs bouches grande ouverte criant leur souffrance, je vois leurs yeux exorbités par la douleur... J’essaye de fermer les yeux pour échapper à cette vision mais mes paupières ne coopèrent pas. Les créatures s’approchent de moi et je sens leurs doigts glacés se poser sur mon corps. Mon coeur s’affole lorsque l’une d’entre elles m’injecte un liquide rouge à travers une très longue aiguille qui traverse la peau de mon abdomen, à la hauteur de mon nombril. La sensation est immédiate. Passée la douleur de l’injection, une sensation de chaleur intense m’envahit. Mon corps entier brûle et je sens mes poumons qui exhalent le précieux oxygène. Ma bouche s’ouvre sur un cri que je n’ai pas la force de retenir et des larmes se forment dans mes yeux. A travers le brouillard de ma conscience, je vois sur l’un des écrans mon propre visage déformé par la douleur puis lentement, mes paupières se ferment. *************** Je ne survivrais pas. Mon corps entier est encore sous le choc de leur expérimentation. Je gis sur le lit, dans ma cellule, recroquevillé sur moi même, incapable du moindre mouvement. Mes muscles sont douloureux, mon ventre est dur et se contracte de façon spasmodique, et ma tête menace d’exploser. Je n’ai pas eu la force d’enfiler des vêtements et je ne supporte pas la couverture sur ma peau devenue trop sensible. Je ne survivrais pas. J’ai encore en mémoire les visages de mes compagnons, et le mien me hante. Combien de fois vais-je être leur animal de laboratoire ? Combien de fois Scully a été soumise à ce traitement ? Mon dieu, Scully... L’idée qu’elle ait pu être traitée ainsi me révolte et je ne peux empêcher les sanglots qui me submergent, et je libère la peur et la souffrance qui m’envahissent. Les larmes me laissent épuisé, mais me font du bien. J’ai peur maintenant d’avoir fait le mauvais choix. Je me rends compte avec tristesse que je n’obtiendrais pas ici les réponses qui m’obsèdent. Je ne suis plus qu’un anonyme parmi les autres abductés, partageant leur destin. J’ai du remord d’avoir laissé Scully. Nous avions enfin réussi à nous avouer nos sentiments respectifs. Bon Dieu ça nous a pris sept ans et je la laisse derrière moi. Je ne suis qu’un égoïste. Mais il est trop tard pour revenir en arrière. Je suis prisonnier ici. Je repense à notre première nuit ensemble. Cette tranquillité qui nous avait envahie, le bonheur d’être ensemble. Ses pas furtifs dans ma chambre. Mon étonnement lorsque je l’ai vu, agenouillée près du lit où je tentais de récupérer du décalage horaire. Son sourire lorsque j’ai ouvert les couvertures pour qu’elle se glisse près de moi. Et la découverte de nos corps... Cette nuit là, nous avons vaincu nos démons. Mes yeux se remplissent de larmes à nouveau en pensant à nous. J’ai eu pour la première fois le sentiment d’être aimé. Je ne savais pas quel effet cela pouvait avoir sur moi. Ma vie s’en est trouvée transformée. Je me suis mis à sourire, à rire, à vivre. Je m’endors avec cette pensée. ******************* Elean me réveille assez brutalement. Je n’ai pas conscience du temps qui passe, je pense que c’est le fait de n’avoir aucun repère. Ici pas de nuit ou de jour. La lumière de ma cellule est constamment allumée. Mon corps est encore douloureux mais je me lève lorsque il me présente mon repas. J’essaye de communiquer avec lui. - Qu’est ce que vous attendez de moi ? Il semble être disposé à me répondre, car j’entends sa réponse dans mon esprit. - Tu es là pour des tests. Comme les autres. - Combien sommes-nous ici ? - Je n’ai pas le nombre précis de spécimens. Plusieurs centaines sans doute. - Combien de temps vais-je rester ici ? - Le temps qu’il faudra pour les tests. Mange. Je dois veiller à ce que tu te nourrisses convenablement. - Ma nourriture est droguée ? - Elle t’apporte ce qu’il faut. Mange. Je porte la nourriture à mes lèvres et je l’avale méthodiquement. Elean me regarde avec des yeux froids et attend patiemment que j’ai fini. Puis il me demande de le suivre en dehors de la chambre. J’obtempère, trop heureux de sortir enfin de mon confinement. Il me conduit à travers les couloirs interminables du vaisseau et je me retrouve bientôt parmi d’autres humains. Elean me laisse parmi eux. - Nous avons appris que vous aviez besoin de vous retrouver entre vous pour supporter votre séjour parmi nous. Je viendrais te chercher. Les visages sont tristes et je me dirige vers Teresa. Elle est habillée d’un long tee shirt bleu, et me sourit bravement en me voyant approcher. - Agent Mulder... Elle se réfugie dans mes bras et je l’enlace brièvement. Ses yeux sont hantés par la souffrance. - Je sais, Teresa, je sais... Nous nous asseyons, le corps et le coeur lourd. - Ils vous ont fait des tests vous aussi, n’est-ce-pas ? Je réponds en hochant la tête. Je sais qu’elle a déjà fait vécu cette expérience d’enlèvement. - Vous devez rester fort. C’est terrible au début. Mais gardez espoir. Ils finissent toujours par nous relâcher. Nous restons un long moment silencieux, puis je vois que les autres se dispersent, chacun accompagné par une créature. Elean se poste devant moi et je le suis en faisant un dernier signe de main à la jeune femme. Il ne me conduit pas à ma chambre, mais dans une pièce semblable à celle où j’ai vécu mon premier test. Mes jambes faiblissent lorsque il me demande de m’allonger sur la table métallique. - Non... Je vous en prie. - Tu dois obéir. Cet examen sera douloureux, mais je serais auprès de toi pour t’aider lorsque cela sera terminé. Fais ce que je te dis. Ma gorge est si serrée que je peux à peine lui répondre. Je m’allonge sur la table en frissonnant et aussitôt des gris apparaissent. Les lumières se tamisent et seul un fin rayon de lumière reste concentré sur mon visage. Je ne peux réprimer le tremblement qui me secoue. Je respire rapidement et mon coeur m’emballe dans ma poitrine. Mon Dieu, donnez moi la force. J’entends les paroles d’Elean résonner dans mon esprit. Il me demande d’essayer de me détendre, que la procédure doit commencer. Je vois un de ses compagnons approcher avec une tige métallique qu’il introduit délicatement dans mon nez. J’essaye de me débattre mais je ne peux pas bouger. Je ne peux même pas crier, ma bouche est paralysée. Je sens l’aiguille s’introduire plus profondément encore dans mon anatomie et la douleur explose dans ma tête. Je n’ai pas le bénéfice de l’inconscience cette fois ci et je reste ainsi de longues minutes, priant pour que mon coeur lâche pour que cesse cette souffrance inimaginable. Mes bourreaux enregistrent mes réactions, et j’entends enfin un hurlement qui sort de ma bouche. Il résonne dans ma tête, je sens qu’ils retirent leur instrument, et je perçois un liquide chaud et épais couler dans ma gorge. Je m’étouffe et je crache le sang qui obstrue ma trachée. Elean essuie mon visage recouvert de sueur. Ses yeux sont impénétrables. Les lumières se rallument et d’autres gris entrent dans la pièce. Je n’ai plus la force de bouger tant la douleur est forte. Le moindre mouvement déclenche des éclairs de douleur dans ma tête. Je les supplie de me laisser en paix, et j’entends ma propre voix se déchirer. Je les supplie, encore et encore, mais ils restreignent mes bras et mes jambes après m’avoir dénudé. Je tremble de tous mes membres, mon esprit embrumé par la souffrance et la peur est confus. Je leur parle d’une voix chancelante mais je ne les arrête pas. Je sens mes jambes s’écarter, ils introduisent mes chevilles dans des arceaux et je prie pour qu’ils ne me fassent pas subir une autre abomination. Mais ils continuent et mes jambes se soulèvement légèrement, et je voix avec horreur s’approcher un autre instrument, long et sinistre, qu’ils introduisent au plus profond de moi même. La douleur est si forte que je perds connaissance. ***************** Depuis combien de temps suis-je là, incapable de bouger, les lèvres sèches d’avoir trop crié, les yeux rougis par les larmes de souffrance ? Je sais que je saigne, je sens le sang couler le long de mes cuisses. Je vais peut être enfin mourir, mourir d’humiliation, mourir de honte. La chambre est sombre autour de moi. Ils pensent peut être ainsi me laisser reposer plus facilement. Je prends conscience de la présence de mon gardien, assis près de moi. Je n’ai même pas la possibilité de pleurer en paix, il faut que je subisse cette ultime dégradation de me voir constamment sous sa surveillance. Il esquisse un geste vers moi et j’ai un mouvement de recul. Je ne veux pas qu’il me touche. Mais ses doigts longs et fins se posent sur mon front et d’un geste doux repoussent les mèches de cheveux qui tombent sur mes yeux. Sa voix est plus tenue que d’habitude lorsque il s’adresse à moi. - Nous ne connaissons pas la douleur. Nous sommes incapables de soulager votre souffrance. Nous ne comprenons pas d’où viennent ces larmes et ces cris. Notre but n’est pas de vous faire souffrir, mais de vous étudier. - J’ai mal... - Je sais. J’ai accompagné beaucoup d’autres humains comme toi. Ils ont pleuré et crié comme toi. Repose toi. Reprends des forces. - Pour quoi... D’autres tests ? - Oui. Tu es là pour ça. - Non... Je vous en prie, aidez moi... - Je n’ai aucun pouvoir de décision. Je suis là pour t’aider. Ses doigts se glissent dans mes cheveux, et sa caresse légère apaise l’horrible migraine qui me broie l’esprit. Mes yeux se ferment progressivement et je me laisse envahir par le murmure de sa voix hypnotique. Le vieil adage dit qu’un homme ne pleure pas. C’est faux. J’ai pleuré et j’ai crié ma souffrance, je les ai supplié de me laisser en paix. Et je sais que je pleurerai encore. ******************* Il s’est passé plusieurs jours sans qu’ils ne me soumettent à d’autres tests, enfin je crois. Elean les a peut être convaincu de me laisser en paix pour que je puisse récupérer. Il semble être plus à mon écoute depuis qu’il m’a aidé à surmonter ma souffrance. Il ne me force pas à manger, et je sens mes forces dépérir. Je ne quitte plus mon lit, et je me plonge dans mes souvenirs qui me donnent la force de continuer à survivre. Les heures passent, mais je sais qu’arrivera le moment où je n’aurais plus le courage de me battre. Je suis partagé entre le désir de vivre, pour revoir Scully, et celui de mourir pour ne plus avoir à subir leurs tortures. Elean doit avoir l’expérience de cette ambivalence. Après m’avoir présenté un plateau que j’ai refusé comme les précédents, il me demande de me lever et de le suivre. Mon coeur se serre à l’idée d’un autre examen. Mais il me persuade qu’il ne me conduit pas vers leurs médecins. Je me lève, difficilement tant mon corps est faible, privé de nourriture depuis plusieurs jours, et je le suis à travers un long couloir. J’ai des vertiges, et des points noirs apparaissent dans mes yeux. La pièce où nous entrons est sombre, et les murs recouverts de grands écrans. Elean se tourne vers moi et la mince fente de sa bouche s’ouvre légèrement, esquissant un sourire disgracieux. - Je t’offre la possibilité de garder confiance en ton avenir, Fox. C’est la première fois qu’il m’appelle ainsi. Même si je déteste mon prénom, je le reçois aujourd’hui comme une bénédiction. Il ne me considère plus comme un spécimen, mais comme un être humain à part entière. J’attends, le coeur battant, ce qu’il veut me montrer. Les écrans s’animent un à un. Je me tourne de l’un à l’autre et je retiens mon souffle en voyant apparaître les images. Mon Dieu... Scully... Elle est partout sur les murs, grandeur nature. Je la vois sous tous les angles et mes yeux ne quittent pas son visage pur, comme illuminé de l’intérieur. Elle est plus belle que jamais, ses cheveux ont poussé, elle repousse une mèche derrière son oreille. Elle est chez elle, le soleil entre dans la maison à travers les fenêtres. Puis mon regard épouse son corps et je ne peux m’empêcher de retenir un gémissement, de joie, de douleur, de regret. Je tombe à genoux sur le sol froid et mes mains se tendent vers elle, vers son corps si délicieusement arrondi, vers son ventre plein. Les larmes coulent sur mes joues et je sanglote comme un enfant. - Elle porte ton enfant, Fox. C’est vers elle et le petit qu’elle porte en son sein que doivent se diriger tes pensées, c’est pour eux que tu dois trouver la force de surmonter cette épreuve. - Mais comment... Je ne l’ai quitté que quelques jours à peine... - La notion du temps est différente ici. Il s’est passé plusieurs mois sur Terre. - Laissez moi la retrouver... Elle a besoin de moi. Je vous en prie... - Tu la retrouveras, Fox. Je te le promets. Viens maintenant. Je te reconduis dans ta chambre. - Non... Laissez moi un peu encore la regarder. Je m’emplis de son visage et de sa présence, et je ne peux m’empêcher de toucher son ventre arrondi. Les images sont si réelles que j’ai l’impression d’être avec elle. J’oublie les horreurs que j’ai subi en la voyant. Je sens les doigts fins mais forts d’Elean se presser sur mon épaule et je me tourne vers lui. Ses yeux ont perdu leur froideur et il me tend la main pour m’aider à me relever. Je me retrouve dans ma chambre quelques instants plus tard, épuisé par l’émotion qui m’a submergée. Mes jambes n’ont plus la force de me porter et Elean doit me soutenir pour me guider vers le cabinet de toilette. Il est heureux de m’avoir redonné de l’espoir et cela se sent dans sa voix. - Tu vas reprendre des forces. Tu vas recommencer à manger. Et tu vas te laver. Tu sens mauvais. Il me quitte avec un petit sourire narquois. Je lève mon visage vers le miroir et je m’observe brièvement. Mes yeux sont cernés de gris et mes joues couvertes d’une barbe de plusieurs jours. Je n’ai pas changé de vêtements depuis un moment et je me renifle, incommodé par ma propre odeur corporelle. Je me déshabille lentement et je me glisse dans la douche. L’eau tiède me procure une volupté que je n’ai pas ressenti depuis mon arrivée ici. Mes cheveux sont si sales que je dois faire plusieurs shampooings. J’ai honte de moi. J’ai honte de mettre laissé aller ainsi. Il faut que je trouve la force de survivre à leurs examens. Je le ferais. Pour elle. Pour notre enfant. Notre enfant... Nous n’avons fait que l’amour que trois fois... Et Scully était sensée ne plus pouvoir concevoir la vie... Que s’est-il passé ? Est-ce le Smoking Man qui a provoqué ce miracle, pendant les jours où elle a disparu avec lui ? Elle a avoué qu’il s’était passé un moment où elle n’avait plus eu le contrôle, qu’il l’avait sans doute drogué. L’a t’il guéri de sa stérilité ? Je ne sais pas quoi penser... mais je la revois et je prends conscience des implications qui résultent de sa grossesse. Nous allons être parents. Je vais être père... Cette pensée m’effraie et me bouleverse à la fois. J’ai quelquefois du mal à prendre soin de moi même, comment vais-je pouvoir faire face à cette situation ? Toute ma vie j’ai couru après un espoir, une chimère. Ma vie s’est résumée à ma quête. Je vais devoir à présent vivre pour un petit être qui va dépendre de moi. Vivre. ***************** Lorsqu’ils viennent me chercher quelques temps après, je suis presque serein. Je ne peux totalement inhiber la peur qui m’étreint, mais je sais que je dois en finir avec ces tests, et qu’ensuite ils me relâcheront. J’ai confiance. ***************** Malgré ma détermination, la procédure que j’ai subi aujourd’hui a été plus difficile encore à supporter que les précédentes. Et mon humiliation... Ils m’ont pris du sperme. Ils m’ont fait éjaculer dans un tube pour prélever ma semence. Ils ont pris des échantillons de peau, de salive, d’urine... J’ai des petites cicatrices un peu partout. Ils m’ont rasé quelques mèches de cheveux et pratiqué une mince incision, proche de celle qui m’avait été faite en octobre par mes ravisseurs. J’ai mal à la tête. J’ai envie de vomir. Elean n’est pas prêt de moi. J’espère qu’ils ne l’ont pas puni pour m’avoir montré Scully. Je voudrais t’écrire, mon amour. Je voudrais te dire combien tu me manques, combien je souhaiterais être prêt de toi, caresser ton ventre plein, ton visage de Madone. Je voudrais te rassurer et te dire que nous allons prendre soin de cet enfant, ensemble, pour toujours. Je suis prêt à t’épouser si tu le désires, je suis prêt à abandonner mon appartement de célibataire, mon canapé et ma télé pour vivre avec toi. Tu m’a donné l’envie de vivre. ******************* Le dernier test m’a laissé dans un triste état. Elean m’a dit que mon coeur avait cessé de battre quelques minutes et que leurs médecins avaient craint de me perdre. Je suis allongé dans mon lit, je tremble de froid et mon corps est brûlant. Il m’applique des compresses de glace sur le visage et sur la poitrine, qui me font frissonner plus encore. Mon esprit confus par la fièvre délire et je crois que Scully est prêt de moi, je l’appelle encore et encore, j’ai l’impression qu’elle prend ma main et me caresse doucement les cheveux, comme elle le fait si souvent dans ces moments là. Je veux la revoir... Je veux la revoir... Ma dernière pensée est pour elle, avant de sombrer dans l’inconscience. ****************** Des voix me parviennent. Pas dans ma tête, mais bien réelles. Je suis trop mal pour les comprendre, mais je sens qu’il se passe quelque chose. J’essaye d’ouvrir mes paupières, mais elles sont si lourdes... Je ne respire pas normalement. Je crois que j’ai quelque chose dans la gorge. Ca brûle et ça fait mal. Aidez-moi... Des brides de phrases me parviennent à travers le brouillard de mon esprit. ... pas d’identification possible... ... inconscient depuis trois jours... ...fichier des personnes disparues... Je force mes paupières à s’ouvrir et avec une volonté surhumaine, elles finissent par m’obéir. Je vois un regard clair se pencher sur moi et un sourire se former sur un visage doux et calme. Une main se pose sur mon front, je sens la pression d’un tensiomètre sur mon bras. Je prends conscience de mon environnement et des larmes se forment instantanément dans mes yeux agressés par la lumière de la chambre. Je suis dans un hôpital... J’ai quitté le vaisseau. Ma respiration s’accélère et je vois le visage se contracter. Il me parle vite, je ne saisis pas toutes ses paroles, mais je sens qu’il m’ôte le tube qui me gêne et je retiens l’envie de vomir qui monte. Je tousse pendant une éternité et je me laisse ensuite aller sur l’oreiller, épuisé, le visage couvert de sueur. Ma gorge est irritée et sèche, j’essaye de parler mais aucun son de sort de ma bouche. J’entends qu’on me parle doucement et je tente de prêter attention aux paroles prononcées. - Vous êtes resté inconscient depuis trois jours. On vous a trouvé dans une clairière, brûlant de fièvre, seulement vêtu d’un tee shirt et d’un caleçon. Vous n’avez pas de blessure grave, mais votre état de santé général est un peu préoccupant. Pouvez-vous me donner votre nom ? J’essaye de lubrifier un peu ma gorge, mais seul un son rauque sort de ma bouche. Le médecin approche une paille et un verre d’eau. J’aspire goulûment le breuvage frais. - Mulder... Je m’appelle Fox Mulder. Je suis du FBI. Ces quelques mots ont épuisé le peu de forces qu’il me reste. Le médecin comprend ma fatigue et me glisse des mots d’encouragement que j’entends à peine. Je plonge dans un sommeil lourd. ***************** Je reprends lentement connaissance, et je sens une main douce dans mes cheveux. Je connais cette main. Je reconnais la façon qu’elle a de m’apaiser. Mes yeux s’ouvrent lentement et j’ai devant moi le plus merveilleux des visages. - Scully... - Oh, Mulder... Tu es là... Des larmes se forment instantanément dans ses yeux. Je lève ma main vers elle et j’essuie doucement les larmes qui roulent sur ces joues. - Non, Scully. Ne pleure pas. Je t’en prie. Je suis là. Je suis revenu. Elle me sourit bravement et tente de reprendre le contrôle de ses émotions. Elle porte des vêtements amples qui cache la rondeur de son ventre. Je lui souris. - Je sais Scully. Je sais pour notre enfant. Ses yeux sont traversés par une myriade d’émotions, joie, surprise, incrédulité... - Mais comment ? J’ai appris que j’étais enceinte le lendemain de ta disparition... - Je t’ai vu pendant que j’étais là haut, Scully. Ca m’a donné la force de survivre... - Tu te souviens de quelque chose ? - Oui. Je réprime le sentiment de panique qui m’envahit en repensant aux horreurs que j’ai subi. Ce n’est pas le moment d’évoquer cela. Plus tard, peut être, je serais en mesure de raconter mon expérience. - Dans quel état je suis ? Son visage est rayonnant. - Oh, contrairement à moi, tu as perdu une bonne dizaine de kilos. Les examens sanguins ont révélé une importante anémie et différentes carences en potassium et en magnésium. Rien qui ne puisse s’arranger par une bonne alimentation et beaucoup de repos. Il n’y a aucun trace d’implant, malgré que tu aies beaucoup de petites cicatrices un peu partout sur le corps. La conversation m’épuise rapidement. Je sens mes paupières s’alourdir et se fermer malgré moi. Scully s’approche de moi et me pose un baiser léger sur les lèvres. - Dors. Je reste près de toi. Je ne te quitte plus. Fin. ********************* Vous avez aimé ??? Pas aimé ??? Alors dites le moi valeriec2@wanadoo.fr