Sombre matin d'hiver Pseudonyme : Sarah 77 E-mail : cgb.connor@wanadoo.fr Date : 4 juin 2003 Avertissement : G Spoilers : Aucun Mot-clé : MSR Résumé : Si Mulder et Scully s'étaient toujours détestés ? Cette histoire se passe après 5 ans de partenariat... Disclamer : Tout les personnages et le thème appartiennent à Chris Carter, on sait... Commentaire : S'il vous plait, une fois que vous l'aurez lu, j'aimerais que vous la notiez sur 20 et que vous envoyiez le tout avec vos commentaire sur mon E-mail. Merci d'avance J Qu'est ce qui faisait que je la détestais ainsi ? Pourquoi elle plus qu'une autre ? Depuis cinq années, nous n'avons jamais apprécié la présence de l'autre. Cette présence qui donnait lieu à des étincelles, sans pour autant qu'il y ait de raisons apparentes. De simples désaccords en véritables disputes, ce lien si étrange qui nous reliait semblait nous vouer à l'antipathie. Jamais un sourire, car quand elle souriait, son sourire s'effaçait quand son regard se posait sur moi, jamais un mot sur sa vie, ni une confidence, ni une explication, rien que le boulot, qui pourtant semblait être encore de trop entre nous. Pareil pour moi. Au delà même du fait que nous n'étions jamais d'accord, il y avait cette méfiance et cette agressivité omniprésente qui nous hantaient tout les deux. Elle et son impossible caractère, toujours sur la défensive. Nos meilleurs moments d'entente furent les quelques fois où nous arrivions à être d'accord et que nous nous parlions presque normalement. Mais même dans ces moments là, elle gardait un visage et un ton ferme. Pareil pour moi... L'un entraîne l'autre. Cette froideur durait depuis bientôt cinq ans, cinq ans de partenariat involontaire et détestable, pour l'un comme pour l'autre. Pourtant, notre entourage commun, si peu nombreux soit-il, restait stupéfait face à notre mésentente. Souvent il nous avait été dit que nous nous complétions à merveille. J'avais beaucoup de mal à le croire. Et je ne croyais plus que cela puisse changer un jour. Pourtant Scully était une femme très attirante, une très belle femme, intelligente et douée, une femme avec qui j'aurais pu envisager une relation, si ça n'avait pas été Scully. Car au delà de son charme, elle avait un caractère très trempé, trop. Méfiante, agressive, compliquée, secrète, un peu comme moi. Certains pensait que c'étais pour ça que nous ne nous entendions pas : nous avions tout les deux le même sale caractère ! Au fond, on se dit tous que nous ne nous supporterions peut-être pas nous même. Peut-être est-ce pour ça que je m'entends si mal avec elle, parce qu'elle est exactement comme moi. Un pas dans le couloir me sortit de mes pensées. Un pas pressé comme toujours. Scully apparut dans l'encadrement de la porte, le visage sévère, fidèle à elle- même. J'eus presque envie de sourire, mais me retint essayant d'éviter le conflit d'au moins quelques minutes. Elle entra sans un mot, et déposa peu doucement un dossier devant moi. Un dossier d'enquête, probablement une nouvelle affaire... - " Qu'est-ce que c'est, osais-je demander ? - Une nouvelle affaire, un meurtre... - Ca nous concerne ? - Si tu le lisais, je n'aurais pas besoin de répondre à tes questions... Je laissai échapper un soupir et décidai de lire le dossier comme elle venait si gentiment de me le conseiller. Une histoire de meurtre, un homme retrouvé la tête retournée dans une pièce fermée de l'intérieur. - " C'est Skinner qui t'a confié ce dossier ? - Qui veut-tu que ce soit ! - Ok.... Bien puisque que je voit qu'encore une fois ta coopération est sans limite, je suggère d'aller directement là-bas. Pourrais tu, dans ton immense amabilité, réserver les billets d'avion ? Elle retourna et paru hésiter un instant avant de répondre : - " Non, vas-y tout seul, j'ai quelque chose à faire aujourd'hui, je te rejoins demain ! - Très bien, parfait, splendide, au moins tu feras porter pour une fois ta mauvaise humeur continuelle sur quelqu'un d'autre que moi. N'oublie pas de passer me faire un petit coucou quand t'auras le temps, le plus tard possible... - C'est ça, bien sûr, comme tu veux... Sa voix semblait presque fatiguée. Je pris ma veste et sortis du bureau. J'avais été dur avec elle, mais c'était plus fort que moi, je ne pouvais pas m'en empêcher. Mais il est vrai que malgré que je m'intéressais peu à sa vie privé, je me demandais ce qui pouvait la retenir ici toute la journée. Enfin... Cela faisait maintenant deux jours que j'étais arrivé sur cette affaire qui semblait ne pas être aussi non-classée qu'elle paraissait, et Scully ne m'avait toujours pas rejoint. C'était inhabituel de sa part de manquer à son travail, étrange. Et même si cela était appréciable de ne pas l'entendre hurler dans mes oreilles pour un oui ou pour un non, cela faisait un vide. J'aurais pas été jusqu'à dire que je m'ennuyais, mais nos disputes étaient devenues tellement routinière que cela me faisait bizarre. Elle était assidue à son boulot, et le fait qu'elle ne soit pas là signifiait qu'elle avait dû avoir une raison plus que valable de ne pas venir. J'hésitais à prévenir Skinner. Peut-être ne l'avait-elle pas mis au courant et qu'elle espérait qu'il ne le soit pas. Il fallait au moins que j'essaie de la joindre avant. Je sortis mon portable et du faire un effort surhumain pour me souvenir de son numéro, si peu souvent composé par peur de voir mon oreille détruite par sa voix stridente pleine de reproches. Elle décrocha rapidement : - " Scully. - Quand je disais le plus tard possible, j'espérais quand même que ce soit avant Noël. On peut savoir ce que tu fabriques ? - J'ai prévenu Skinner, si tu n'as pas eu l'intelligence de l'appeler, c'est ton problème. - Ca te coûterait trop cher en téléphone de m'appeler toi-même ? Tu compte venir en quelle année ? - Je ne viendrais pas, mais comme monsieur n'as besoin de personne et qu'il a toujours raison, je suppose qu'il n'aura aucun problème à boucler cette affaire sans moi ! - Tu ne viens pas ! Ben voyons ! Tu as trop travaillé dernièrement ? - Ca ne te regarde pas ! Et je n'ai pas à me justifier devant toi. On dirait presque que tu as besoin de moi ! - Non je passe de merveilleuse vacances au calme sans avoir besoin de me justifier dès que je bouges le petit doigt ! - Exactement comme moi ! Tu vois tout le monde s'y retrouve ! Bonnes vacances ! Elle me raccrocha sèchement au nez. Il était rare qu'on se parle au téléphone, mais à chaque fois que cela c'était produit, elle s'arrangeait toujours pour avoir le dernier mot. Je détestais ça. Je du donc boucler l'enquête moi-même, ce qui fut fait au bout de quelques jours. Il était rare que je mette autant de temps pour une affaire de ce type, et il est vrai que la présence de Scully y était pour quelque chose. Mais jamais elle n'aura l'occasion de l'entendre, elle serait trop contente ! De retour à Washington, je m'attendais à retrouver ma charmante collègue prête à attaquer dès que j'ouvrirais la bouche, mais il n'en fut rien. Je ne la croisai pas de la journée. Je profitai du fait que je devais apporter mon rapport à Skinner pour lui en toucher deux mots : - " L'agent Scully n'est pas là ? Cela fait déjà plusieurs jours que je ne l'ai pas vu. - Non...elle a pris un congé. Elle doit reprendre demain. - Un congé, elle avait prévue de prendre un congé ?! - Elle ne vous en a pas parlé ? Ca ne m'étonne pas, ceci-dit, je n'en sais pas plus que vous, elle m'en a informer il y a seulement trois jours ! - Ca ne lui ressemble pas, elle n'a pas pris de vacances depuis cinq ans ! - Eh bien, il se peut qu'elle ait eu l'envie soudaine de partir à Miami décompresser sous le soleil de Septembre. - Elle est partie à Miami ??! - Et oui, y'en a qui ont de la chance... Je ne revenais pas de ce que j'entendais. En même temps, tant mieux, à moi aussi ça me faisait des vacances. Elle revint le lendemain comme prévu. Elle entra dans le bureau avec son air vainqueur, pour me narguer comme elle n'allait pas tarder à faire. - " Déjà revenue de ton enquête ? Bravo, j'avais parié pour plus longtemps ! - Déjà revenue de Miami ? Là je suis déçu, j'avais parié que tu y resterais ! - Les nouvelles vont vite, je vois que tu t'es renseigné. - Bah tu sais au bout d'une semaine, je me suis quand même demandé si tu n'étais pas resté enfermé dans un placard, alors j'en ai parlé à Skinner au cas où lui aurait eu envie de t'ouvrir ! Tu vois, je ne suis pas si mauvais ! A ma grande surprise, elle ne répondit pas. Habituellement, mes remarques n'étaient que l'amorce d'une longue dispute. Il valait peut-être mieux changer de sujet : - " J'espère que tu en as bien profité car on a une nouvelle enquête qui n'attendais que toi. Elle prit le dossier sans un mot et entreprit de le lire. - " On part quand ? - Il y a un avion pour l'Oregon dans trois heure ! - Très bien je te retrouve à l'aéroport ! Elle sortit de la pièce en silence. Son comportement commençait à m'intriguer. Elle venait de passer de l'ironie à la quasi-tristesse en quelques secondes. Après tout, je ne savais rien de ce qui pouvais se passer dans sa vie. Elle avait probablement des soucis en ce moment... Elle ne décrocha pas un mot de tout le voyage. Elle avait regardé par le hublot, le regard perdue dans le vide pendant plus de quatre heures. Arrivés à Portland, nous avions loué une voiture et avions continué la route jusqu'à la petite ville de Bellflower. Plus de deux heures de voyage en direction du nord avec d'immenses forêts pour seul paysage. Mais là encore, Scully resta dans le silence. L'affaire sur laquelle nous allions enquêter lui changerait les idées. Une affaire d'enlèvements inexpliqués d'enfants. Deux autres agents du bureau étaient aussi sur le coup, mais l'affaire s'est révélée être du ressort des affaires non-classées plus que d'un autre service. Arrivé à Bellflower, nous fîmes la connaissance des deux agents en question, un homme et une femme, l'agent Colton et l'agent Fowley. Scully resta distraite durant toute la conversation que nous avons eu sur l'enquête. Elle semblait écouter mais ne posa aucune question, ne fit aucune remarque, ce qui ne lui ressemblait pas. Elle m'inquiéta. Oui... je commençais à m'inquiéter pour elle. Mais que pouvais-je y faire. Elle ne m'en parlerais pas de toute façon. Il était déjà 18 h. Nous nous rendîmes à l'hôtel en compagnie des deux agents. L'hôtel qu'ils nous avait recommandé était magnifique. Perdue au c¦ur de la forêt, au bord d'un lac, un grand chalet en bois faisait office d'accueil et de restaurant. Derrière le bâtiment, eu bord des berges, une trentaine de petits chalets s'alignait côte à côte. Chaque chalet servait de chambre. Nous en prîmes chacun une. Les agents Fowley et Colton avait pris un chalet côte à côte, comme c'était l'habitude chez des partenaires normaux, mais moi et Scully prîmes inconsciemment deux chambres séparés par trois autres chalets. Le nuit arriva vite. La lune se reflétait sur le lac immobile. Tout était plongé dans l'obscurité. Seul les lumières émanant du restaurant et des petits lampadaires accrochés à chaque petit chalet éclairait un peu la nuit sombre et froide. Les agents Colton et Fowley nous proposèrent de dîner avec eux. Bien que la discussion ne tourna que sur l'affaire en cours et sur le FBI, je fus ravie de faire mieux la connaissance de la charmante Diana Fowley. C'était une femme très séduisante, la quarantaine, cheveux longs et bruns. Elle me semblait très sympathique et attirante. Je me surpris à penser qu'avec une partenaire comme elle, mes journées seraient plus joyeuses. - " Et vous, depuis combien de temps travaillez-vous dans ce service ? - Nous travaillons ensemble depuis cinq ans, répondis-je ! - Moi je viens d'être muté dans le service de l'agent Fowley. Cela fait seulement quelques mois que nous bossons ensemble. - Vous ne connaissez pas votre bonheur... Nos regards se tournèrent vers Scully, qui jouait distraitement avec sa fourchette, mais qui venait de plomber l'ambiance. J'esquissai un rapide sourire aux deux agents qui parurent stupéfaits à la remarque de Scully. La discussion reprit petit à petit, évitant le sujet des relations entre collègues. Mais depuis cette allusion à notre partenariat raté, je me sentais étrangement mal à l'aise. Scully, elle, ne disait pas un mot, perdue dans ses pensées. Au bout d'une demi-heure, elle se leva et s'excusa auprès des deux agents, en évitant soigneusement mon regard : - " Je vous pris de m'excuser, mais je me sens fatiguée. Je vais aller dormir. A demain. " Elle partit sans se retourner. Je ne prétendais pas la connaître, après toute les disputes que nous avons préférés aux dialogues, mais il était clair que quelque chose la tracassait. - " Elle n'a pas l'air dans son assiette, fit l'agent Colton ! - Non, elle ne l'est pas ! " Le repas suivit son cours. L'agent Colton partit lui aussi une demi-heure plus tard, me laissant ainsi en tête à tête avec l'agent Fowley. En tout autre situation, j'aurais été ravie, mais cette histoire avec Scully m'avait retourné. - " Vous n'avez pas l'air de bien vous entendre avec l'agent Scully, je me trompe ? - Non, nous...avons quelques différends. - Ca ne doit pas être drôle tout les jours ! - Vous vous entendez bien avec l'agent Colton ? - Oui je suis très sociable. Heureusement car je ne pourrais pas bosser avec quelqu'un avec qui je ne m'entends pas ! Je crois que je changerais de service, fit elle ironiquement ! Je me demande comment vous faîtes. C'est tellement plus agréable de travailler dans une bonne ambiance...... D'ailleurs je suis sûre que nous allons très bien nous entendre... Elle me fit un large sourire qui voulait dire à la fois tout et rien. Je ne répondis pas, sachant qu'elle testait mes réactions. - " J'ai repéré un casino en ville, et j'avais prévu d'aller y faire un tour ce soir. J'adore le jeu. Ca vous dirait de venir ? Je réfléchis quelques secondes et refusai poliment. Je préférais aller dormir pour effacer cette journée. Diana partit en voiture en direction de la ville. Je restai une minute devant l'hôtel. Tout était silencieux. Il était déjà tard, presque onze heure. Je commença à marcher le long du chemin en direction de ma chambre. Toute les lumières étaient éteintes, ce qui signifiait que beaucoup de gens dormait déjà. Une lueur attira mon attention au fur et à mesure que je m'avançais. Un petit lampadaire était encore allumé. C'était le chalet de Scully. Elle ne m'entendit pas arriver. Elle était assise sur les petites marches du perron, avec cet air triste que je ne lui connaissait pas. Je m'avançai vers elle. Après tout, il était peut-être temps de vider notre sac. Elle m'entendit m'approcher et releva la tête vers moi sans un mot. Je continuai à marcher afin de lui faire face. Elle tourna les yeux et continua de fixer le lac immobile. Je ne savais pas comment entamer une discussion calme et concrète avec elle. Je ne savais pas comment m'y prendre, mais je savais que j'avais toute les chances d'échouer et de me faire envoyer promener. - " Pourquoi es-tu partie tout à l'heure ? J'eus l'impression stupide de parler pour rien dire, mais à mon grand étonnement, elle me regarda et me répondit d'une voix douce, presque triste : - " Je me sentais pas...très utile à cette table. - Pas utile ? - Pas à ma place... - Il y a une raison ? - Disons qu'en plus d'être mal à l'aise, j'ai juste réussi à plomber l'ambiance. C'est pas nouveau, tout ce qui touche à nous deux est sujet à mésentente. Elle esquissa un léger sourire. J'étais heureux qu'elle me parle. C'était la première fois en cinq ans : - Tu as dit... ce que tu pensais. - Non, c'est pas ce que je pense Mulder... c'est ce qui se passe. - C'est à dire ? - Regarde-nous... et regarde-les. - Nous sommes différents. - Différents au point qu'on ne peut même pas se regarder sans se disputer ! - Nous ne sommes pas en train de nous disputer ! Un long silence s'installa. Je vint m'asseoir à ses côtés. Il ne fallait pas que cette discussion s'arrête si vite : - " Il se connaissent mieux en deux mois que nous en cinq ans, fit-elle doucement ! - Parce que nous n'avons jamais pris sur nous pour avoir une conversation censée comme ce soir. - Et pourquoi à ton avis ? - Parce que nous avons un sale caractère ! Elle se mit à rire doucement. Je ne l'avais jamais entendue rire. C'était une autre femme quand elle souriait. Je la regardais, comme hypnotisé. Je découvrais une autre Scully, bien loin de celle que j'imaginais, ayant perdue toute sa froideur et sa sévérité : - " Un jour quelqu'un m'a dit qu'il savait pourquoi nous n'arrivions pas à nous entendre... Elle me regarda intriguée et amusée, impatiente de connaître la suite : - Et... - Et ce quelqu'un m'a dit que nous nous ressemblions de trop pour se supporter ! - Quoi, tu plaisantes... - Non, c'est vrai. Est-ce que tu t'ais déjà imaginé vivre une journée avec un double de toi ? Et comment tu réagirais ? Elle me regarda curieuse et leva les yeux au ciel pour réfléchir : - " Je sais pas si je me supporterais plus de dix minutes ! - Tout comme tu ne me supportes pas plus de dix minutes ! - Tu penses que nous sommes pareils, fit-elle reprenant son sérieux ? - Oui...oui je pense. Je pense que deux tête de mules comme toi et moi étaient obligés de s'engueuler. - Tu penses qu'on peut s'entendre ? - Y'a déjà un net progrès depuis un quart d'heure tu crois pas ? Elle se mit à rire doucement. J'aurais voulu que ce moment ne s'arrête jamais. J'avais envie de la connaître, comme j'aurais dû la connaître depuis tant de temps. - Mulder ? - Oui - J'aimerais de te dire quelque chose mais je veux que tu me promettes de pas te moquer ! - Je te le promets... Elle hésita un instant, en me regardant et en se mordillant la lèvre : - Je crois que je regrette une bonne partie des choses que j'ai pu te dire en cinq ans ! Elle me fit sourire. Inexplicablement, j'étais heureux qu'elle me dise ça : - Moi aussi - Tu n'es pas obligé - Non je le regrette vraiment. Si j'avais su parler avec toi comme nous sommes en train de le faire, j'aurais changé d'avis sur toi ! - Tu as changé d'avis sur moi ? - Oui - En mieux j'espère ! Je plongeai mon regard dans le sien et hocha la tête en signe de oui, ce qui l'a fit sourire. - J'ai envie d'aller me promener, fit-elle en regardant le lac - A onze heure et demi ?? - Tu m'accompagnes ? Elle se leva et se tourna vers moi, attendant ma réponse. Je me levai et commençai à marcher en direction du lac. Au bout de quelques mètres, je me retournai : - On y va ? Elle me dévisagea, surprise, et intimidée, puis m'emboîta le pas. Nous marchâmes en silence, jusqu'à s'éloigner de l'hôtel. Seul le bruit du vent dans les arbres et celui de nos pas dérangeait le calme irréel de la nuit noire. J'hésitais à la regarder, je me sentais étrange. - J'adore cette endroit, fit-elle - Oui... c'est magnifique - C'est dans un endroit comme celui-ci que je voudrais vivre ! - Toute une vie ici ?! - Oui... pourquoi ? Ca te paraît surréaliste ? - Tu finirais par t'ennuyer... - Non je suis sûre que non - Tu t'ennuierais de moi... Elle s'arrêta et me fit face : - Dis plutôt que c'est toi qui finirais pas t'ennuyer de moi... - Aussi. - Tu m'aurais encouragé à partir ce matin encore... Elle repris son sérieux et me regarda intensément : - J'aurais eu tort... Je m'approcha d'elle et mit mes bras autours de sa taille. Elle se laissa faire, ne lâchant pas mon regard. Puis je n'eus pas la force de résister. Nos visages se rapprochèrent doucement. Elle s'arrêta, hésitante, à quelques centimètres de moi, puis, m'embrassa doucement. Un long baiser que nous n'avions pas envie de terminer. Elle se recula un peu pour me regarder dans les yeux, et me caressa la joue. Sans un mot, nous retournâmes à l'hôtel, main dans la main, comme si nous avions fait abstraction des cinq dernières années. Arrivé devant la porte de son chalet, je la retins par la main la forçant à me faire face : - Tu regrette... ? - Non. Non pas du tout ! Elle m'embrassa fougueusement comme pour me persuader des ses paroles. - Est-ce que...tu veux entrer, fit-elle ? J'hésitai un instant. Tout était allé vite depuis ce soir, mais j'avais envie de prendre le temps avec elle. De tout faire pour que notre relation continue au- delà d'une nuit. - Il est tard, tu dois être fatigué. On devrait allé dormir. Elle baissa la tête, comme si elle regrettait d'avoir posé la question. - Eh Scully. Je m'approchai d'elle et l'embrassai. - On a tout notre temps - Oui... - Bonne nuit J'attendis qu'elle rentre avant de partir. Je me sentais bizarre. J'avais l'impression d'avoir rêvé. J'espérais que non... L'enquête suivit son cours après les événements de cette nuit. D'un commun accord, Scully et moi avions décidé de rester discret sur la situation, ne pas mélanger plaisir et travail, et aussi de prendre notre temps. L'affaire bouclées, nous étions repartis à Washington. C'était incroyable la vitesse à laquelle nous avions mis un terme à cinq années de disputes. Une certaine confiance était née en quelques jours. Et j'avais encore du mal à comprendre pourquoi. Scully avait perdu son coté méfiant, toujours sur la défensive. C'était tout aussi étrange qu'appréciable. Elle n'hésitait pas à se confier à moi, à me parler d'elle. Je me suis aperçu que j'étais bien loin de la connaître. Ce soir là, je l'avais invité à dîner. Au moment de la raccompagner, elle m'avait fait comprendre qu'elle souhaitait plus de moi. J'étais fasciné par elle. Si belle, si parfaite, bien loin de ma collègue des dernières années. Pourtant c'était elle. Elle me fit entrer sans me quitter des yeux et ferma la porte. Quand elle me fit face, elle m'embrassa longuement. - Est-ce que tu pense que c'est le bon moment Mulder ? - Si ça l'est pour toi, ça l'est pour moi... Pour toute réponse, elle fit glisser sa longue robe noir le long de ses épaules, de ses hanches, et de ses jambes. Une nuit inoubliable que je ne pensais pas possible il y avait encore quelques temps. Pour la première fois je la voyais comme une femme et non comme une collègue. Une femme exceptionnelle... Plusieurs semaines passèrent ainsi. Personne n'avait été mis au courant de notre relation. Nous préférions rester discret, conservant ainsi une vie privée en dehors du travail, et évitant les problèmes dû à la politique du bureau, aussi stupide soit-elle. Mais en vérité, si nous l'avions dit, qui nous aurait cru... ? Le mois de décembre arriva à grand pas. Les premières neiges d'hiver recouvrirent bientôt les avenues de Washington. Noël se préparait doucement, dans le froid glacial et le temps gris, et avec lui les embouteillages monstres qui bloqueraient la ville pendant tout l'hiver. C'était le premier Noël que Scully et moi passerions ensemble. Mais elle avait voulu le passer en famille, pas seulement tout les deux. Elle voulait un Noël chaleureux comme ceux de son enfance. C'était en vérité l'occasion rêvée de la présenter à ma famille, qui organiserait un grand repas ce soir là. Elle était d'accord, même ravie, et m'avait proposé de passer le nouvel an tout les deux pour compenser. Le soir de réveillon arriva. Dernière heure de boulot dans les locaux quasi vides du FBI. Scully était partie plus tôt pour se préparer. Le téléphone me fit sursauter : - " Mulder ! - Mulder c'est moi. J'ai un petit imprévu au sujet de ce soir. Est-ce que ça te dérange si je te rejoins chez ta mère ? - Rien de grave j'espère ? - Non...non non, ça va, c'est juste que j'ai oublié de faire quelque chose. - Je peux t'attendre si tu veux... - Non c'est inutile, je connais la route, et puis je voudrais pas faire attendre toute ta famille. Excuse moi auprès de ta mère, dis lui que j'aurais un peu de retard. - Tu es sûre que ça va ? - Oui bien sûr, ne t'inquiète pas on se voit tout à l'heure ! Je n'avais pas osé demander se qui la retenait à Washington. Je n'avais pas encore perdue tout à fait l'habitude de ne pas me préoccuper de sa vie privée. Mais je lui faisais confiance. Arrivé chez ma mère, tout le monde me demanda pourquoi Dana n'était pas là. Je n'avais pas de réponse concrète, juste " elle va arriver " pour calmer les rumeurs de séparation qui allait bientôt trotter dans la tête de certains. Plus d'une heure s'écoula... J'essayai pour la énième fois son portable, mais tombai pour la énième fois sur son répondeur. Quelque chose n'allait pas. Accident, enlèvement, et même séparation, tout se mélangeait dans mon esprit. Je pris ma veste et entrepris d'expliquer calmement à ma mère qu'il fallait que j'aille la chercher. Je la cherchai dans toute la maison. Elle était au téléphone. Elle tourna la tête vers moi et fit un timide " Je vous le passe " à son interlocuteur en me tendant le combiné : - " Mulder ! - Agent Mulder, ici Walter Skinner, je viens de recevoir un appel de l'hôpital de la pitié à Washington. L'agent Scully vient d'être admise en soin intensif. J'ai essayé de joindre sa famille mais personne ne répond. Je restai muet pendant quelques secondes, par peur d'en savoir plus : - " Agent Mulder ? - Comment va t'elle ? - Ils n'ont pas voulu m'en dire plus. - Elle a eu un accident ? - Je n'en sais rien mais... il semblerait que ce soit autre chose ! - J'arrive ! - Essayez de joindre sa famille ! Je sortis rapidement de la maison sans donner plus d'explications à qui que ce soit. La route était devenue dangereuse avec la neige et la nuit noire. Il me fallut plus d'une demi heure pour arriver à l'hôpital. Une demi-heure d'angoisse... Arrivé à la réception, l'infirmière appela le docteur qui s'occupait de Scully : - " Il sera plus à même de vous renseigner que moi " Le Docteur Daily apparut dans le couloir : - " Bonjour, je suis le docteur Daily, je' m'occupe de Dana depuis son arrivée ! - Comment va t'elle ? - Son état est redevenu stable, elle reprend peu à peu conscience, mais sa tension reste très basse. Je ne comprenais absolument rien à ce qui se passait : - Que lui est-il arrivé ? - Une rechute malheureusement... - Une rechute ? Une rechute de quoi ? Le Docteur me regarda soudain avec suspicion : - " Vous êtes de la famille ? - Je suis son ami. - Je regrette mais je peux vous en dire plus sans le consentement du malade! - Comment ça ? Qu'est-ce qui se passe ?! Je comprend rien de ce que vous racontez ! On parle bien de Dana Scully ? - Ecoutez, le mieux pour vous est d'essayer de contacter sa famille en attendant que Dana soit assez rétablit moralement pour vous recevoir... Le Docteur m'indiqua le téléphone et s'éloigna dans le couloir. J'étais abasourdi, perdu. Les mots " rechute " et " malade " résonnaient dans ma tête. Un pas retentit derrière moi. Skinner arrivait : - " Agent Mulder, vous avez des nouvelles ? - J'en sais rien, je ne sais même pas pourquoi elle est là ! Si c'est un accident ou autre chose, ils disent qu'elle est malade, et ils ne veulent pas me dire si elle va bien ! - Vous avez réussit à prévenir sa mère ? - Je n'ai pas eu le temps... Skinner se dirigea vers le téléphone et entreprit des recherches. Et moi je n'avais plus qu'à rester là dans le couloir, à attendre quelque chose que j'ignorais. Plus d'une heure passa, il était maintenant minuit passé. Soudain le Docteur Daily sortit d'une des chambres et se dirigea vers moi et Skinner, qui s'était assis, bredouille de ses recherches : - " Melle Scully veut vous parler, me fit-il ! " Il me montra sa chambre et me laissa seul. J'ouvris prudemment la porte. Scully était allongée, le visage très fatigué. Elle tourna la tête et me fit un léger sourire. J'étais paralysé, ne sachant pas quoi faire ni dire, ne comprenant même pas ce qui se passait sous mes yeux. Je fermai la porte et m'approchai d'elle : - " Comment tu vas, fis-je ? - Ca va mieux... - Qu'est ce qui c'est passé ? Elle détourna ses yeux et resta un instant dans le silence : - " Scully, qu'est ce qui se passe ? - Je ne pensais pas que ça arriverais si vite... - Le docteur Daily n'a rien voulu me dire, je ne sais même pas pourquoi tu es là... - Je suis désolée Mulder... - Désolée de quoi ? - Je t'ai menti. Je t'ai caché la vérité depuis des mois. - Comment ça ? - Je suis malade Mulder ! - Mais qu'est ce que tu as, c'est pas grave ? Ma voix franchissait à peine la boule qui se formait dans me gorge, et la sienne tremblait comme si elle était au bord des larmes : - Tu te souviens de cette enquête où je devais te rejoindre le lendemain ? - Oui...oui je m'en souviens - Ce jour là, j'avais rendez-vous ici pour un résultat d'analyse. Des analyses qui ont révélées ma maladie. Quand je l'ai apprise, j'ai eu peur de te rejoindre. Je suis partie à Miami, tu sais, j'avais toujours rêvé d'y aller... Sur ses paroles, elle commença à pleurer : - " Quelle maladie... ? - J'ai un cancer ! - Un... cancer ?? Oh Scully... tu aurais dû m'en parler, enfin je... La vérité c'est que je ne savais absolument pas quoi dire. Et que je ne voulais pas comprendre ni croire ce qu'elle venait de m' annoncer... - " Je te demande pardon, j'avais peur que tu m'en veuilles... - Non, bien sûr que non... Tu es soignée ici, comment tu vas ? Est-ce que c'est grave que tu ais fait une rechute ??? Elle me regarda un instant, et, me déclara, la voix cassée par les larmes : - " Mulder, je vais mourir ! Sa phrase retentit dans la pièce et me transperça comme un coup de poignard. Je ne pouvais plus parler ni même la regarder. Je baissai la tête. - " Quand j'ai eu les résultats, le Docteur Daily m'a dit que mon cancer était dans une phase avancée, et qu'il me restait 6 mois à vivre. Tu n'imagines pas comment on peut se sentir quand on t'annonce que dans un an à cette même date, tu seras dans un cercueil. Je n'ai même pas eu la force de pleurer. J'ai voulu vivre une vie entière en 6 mois. Je suis partie là où j'ai toujours voulue aller. Mais le changement me rappelait sans cesse que j'étais condamnée. Alors je suis rentrée pour continuer une vie normale. Je l'écoutais sans pouvoir répondre, et me sentais coupable de ne rien avoir à dire pour la réconforter, comment réconforter quelqu'un qui sait qu'il va mourir ? - " Puis je me suis rendue compte que tout les problèmes que j'avais dans ma vie, toute les réactions que j'avais pu avoir étaient dérisoires... Je n'avais plus la force d'être comme j'étais. Elle me regarda et ajouta : - " Je voulais remettre ma vie à sa place, comme elle aurait dû être ! - C'est pour ça que tu m'a accordée une place dans ta vie... - Non...non, simplement.. quand je nous ai regardée, j'ai vu un énorme gâchis, je ne voulais plus être une ennemi pour toi. Mais ça n'est pas pour ça que je suis tombée amoureuse de toi... Je me sentais idiot. J'étais là à la culpabiliser, alors c'était moi le plus coupable : - " Je t' aime Mulder... J'y ai tellement cru, et même ce soir, quand je t'ai dit que j'avais un imprévu, je suis allée à l'église, et j'ai prié, prié pour rester près de toi encore quelques temps, et c'est la que j'ai eu mon malaise..." - Ca va aller Scully, tu es forte tu vas t'en sortir. Les médecins n'ont pas toujours raison, je sais que tu es docteur, mais... - Mulder, ça ne sert à rien... Je suis en phase terminale. Et je ne crois plus au miracle. - Moi j'y crois... Je m'approchai d'elle et lui embrassai le front. - " Je t'aime aussi Dana... - J'ai quelque chose à te demander... - ... - Je ne veux pas mourir ici... - Scully, je t'en supplie, ne me demande pas ça... - S' il te plait Mulder. Je vais signer la décharge. - Scully c'est suicidaire, tu es soignée ici. - Il n'y a pas d'espoir Mulder. Je vais mourir. Que ce soit dans deux heures ou dans deux jours, je vais mourir. Je préfère que ce soit dans deux heures loin d'ici, plutôt que deux jours branchée à des machines qui maintiennent des vies arrivées à leur terme. - C'est comme si je te tuais... - Non Mulder, tu m'as déjà sauvé... Le soleil se leva timidement. Il était près de six heures du matin. J'avais garé la voiture au bord de la falaise surplombant la mer. Nous avions roulé toute la nuit pour atteindre la côte. Elle voulait voir la mer, une dernière fois. Elle était sortie, s'était assise dans l'herbe enneigé, et scrutait l'horizon, comme pour la première fois. Je vint m'asseoir en silence à ses côtés. Elle était de plus en plus faible et ne tenait plus debout. J'étais témoin de son déclin et je ne pouvais rien faire pour la sauver. Elle se blottit contre moi. Son visage était très pâle, de plus en plus. Je la serrai dans mes bras, comme pour la protéger du cruel sort qui l'attendait inévitablement. Il n'y aurais pas de miracle... Au fur et à mesure que le soleil se levait, elle s'éteignait. " Joyeux Noël Mulder... " Sa petite voix semblait calme, apaisée. Mais ce qu'elle venait de dire me déchira intérieurement. Que pouvais-je lui répondre ? Quel est ce Dieu en lequel elle a toujours cru qui la laissait mourir un jour de Noël ? Je resserrai mon étreinte autours d'elle. Nous sommes restés ainsi quelques minutes, puis... Dana vient à jamais de fermer ses grands yeux. Je ne peux pas me résoudre à bouger, alors, je reste là avec elle. Le soleil est maintenant plus haut. Mais pour moi tout est sombre... &&& A tout ceux qui se prennent la tête pour des problèmes quotidiens : prenez du recul, la vie vaut la peine d'être vécu si on prend tout du bon côté, soyez heureux chaque jour, et chaque jour vous le rendra...